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Pour le HuffPost Arabi, censurer les islamistes n'est pas une solution, mais fait partie du problème

Pour l'ancien directeur d'Al Jazeera, le refus des médias occidentaux d'impliquer les voix islamistes dans le débat sur le Moyen-Orient aide l'Etat Islamique et Al-Quaida à recruter.

Wadah Khandar est le partenaire de Arianna Huffington pour la nouvelle version arabe du Huffington Post, lancée il y a 8 semaines. Critiqué pour avoir donné une tribune à des extrémistes critiquant les homosexuels, les athées, ou encore le fait de prendre des selfies, il affirme qu'il n'a jamais été question de copier la ligne éditoriale du Huffington Post, basé à New York.

Il a déclaré que son site avait le devoir de refléter la société à laquelle il s'adressait : «Le Huffpost Arabi n'est pas une traduction du Huffington Post anglais – les priorités éditoriales ne sont pas les mêmes». «Des sujets qui seraient vus comme prioritaires aux États-Unis ou à Londres n'auraient peut être pas la même priorité dans le monde arabe. Nous avons des centaines de gens qui meurent tous les jours en Syrie, en Irak ou au Yémen, et ceci créé une priorité bien plus importante», a affirmé l'ancien directeur d'Al Jazeera.

Pour monsieur Khandar, il faut «composer» avec «l'Islam politique [qui] est un phénomène qui a à peu près 100 ans. Le phénomène a évolué et s'est transformé sur de nombreux aspects. Il est devenu partie prenante de la politique de la région». Avant d'ajouter qu'«une société, afin d'être saine et d'être capable d'évoluer doit inclure toutes ses composantes et les autoriser à trouver une place, autrement vous poussez les gens à devenir extrémistes et c'est ainsi que l'Etat islamique est né».

Selon lui, le Huffpost Arabi défend «l'esprit qui a émergé sur la place Tahrir», où le Printemps arabe a débuté en 2011. «C'est le moment le plus brillant et précieux de notre histoire et il est mis en péril à cause de contre-révolutions et des guerres civiles qui l'ont suivi».

«Nous ne devrions pas perdre l'espoir de voir la renaissance de ce mouvement au sein de la jeunesse, car si ces gens perdent espoir en un changement pacifique vers la justice et la démocratie alors l'alternative sera extrême, ce sera l'Etat Islamique» a-t-il déclaré. «A la fin, le discours de la démocratie et de la démocratie vaincra, il faut en payer le prix. Combien de temps cela nous prendra, je ne le sais pas».

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