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L'Iran exécute un opposant accusé d'avoir incité à des violences, Paris dénonce un acte «barbare»

Rouhollah Zam, journaliste qui disposait du statut de réfugié en France, a été mis à mort en Iran. La justice iranienne l'accusait de travailler pour le renseignement français et d'avoir incité à des violences. Paris s'est indigné de l'exécution.

L'opposant et journaliste iranien Rouhollah Zam a été exécuté par pendaison le 12 décembre 2020 en Iran. Accusé par Téhéran de travailler pour le renseignement français et de bénéficier du soutien des services secrets israéliens et américains, la justice iranienne l'avait jugé coupable d'avoir incité à la violence dans le cadre de la vague de manifestations de 2017-2018. L'Union européenne, la France ou encore l'organisation Reporters sans frontières se sont indignées de la pendaison.

Rouhollah Zam, ayant fui son pays, avait obtenu l'asile politique en France. Les Gardiens de la révolution, armée idéologique de l'Iran, avaient annoncé l'avoir capturé dans le cadre d'une opération de renseignement dont le lieu a été tenu secret.

Le journaliste et militant dirigeait la chaîne Amadnews qui comptait plus d'un million d'abonnés sur la messagerie cryptée Telegram. Cette plateforme avait elle-même fermé la chaîne de Rouhollah Zam, lui reprochant d'avoir incité à la «violence», ce que l'intéressé avait nié.

Fin 2017, des émeutes avaient éclaté dans plusieurs villes iraniennes autour de revendications liées au coût de la vie et au chômage. Au moins 25 personnes (en majorité des manifestants, mais également des membres des forces de sécurité ou encore des civils étrangers) avaient perdu la vie dans le cadre du mouvement de protestation. Plusieurs milliers de personnes avaient en outre été arrêtées, alors que les autorités iraniennes dénonçaient la main des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite dans ces troubles.

Un «acte barbare et inacceptable», pour Paris

L'exécution du journaliste opposant a suscité de nombreuses condamnations, notamment de la France. Dénonçant une «atteinte grave à la liberté d'expression et à la liberté de la presse», le ministère français des Affaires étrangères a évoqué un «acte barbare et inacceptable, contraire aux engagements internationaux».

L'Union européenne a pour sa part condamné la pendaison et rappelé son opposition à la peine de mort «quelles que soient les circonstances».

Des ONG de défense des droits de l'Homme ont également réagi. L'organisation Reporters sans frontières s'est ainsi dite «choquée que [les autorités iraniennes] aient mis à exécution leur sentence».

Lors de la confirmation de la sentence, Amnesty international avait déploré une «escalade choquante dans le recours de l'Iran à la peine de mort comme arme de répression».