Dans un article intitulé «The children of Pornhub» («Les enfants de Pornhub» en français) publié le 4 décembre 2020, le quotidien américain The New York Times affirme que le populaire site pornographique Pornhub contient des vidéos montrant des viols et d'exploitation sexuelle de mineurs.
Si la justice canadienne – Pornhub appartient à l'entreprise MindGeek qui est principalement basée à Montréal dans la région du Québec au Canada – ne s'est pas encore saisie de l'affaire, plusieurs partis et personnalités politiques canadiennes sont montés au créneau ces derniers jours.
C'est notamment le cas du Parti libéral du Québec qui a jugé que la situation de Pornhub était «intolérable, scandaleuse et choquante», estimant par ailleurs que l'enquête du New York Times représentait un «dur coup pour la réputation du Canada, du Québec et de la ville de Montréal», selon le quotidien La Presse.
D'après cette même source, les libéraux québécois se sont tournés vers la ministre de la Sécurité publique du Québec, Geneviève Guilbault, afin que celle-ci mette en application l'article 5 du rapport de la Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineurs, recommandant «que le gouvernement du Québec confie à des experts le mandat de produire un avis concernant la présence de pornographie juvénile sur des sites liés à des entreprises enregistrées au Québec et les mesures mises en place pour la prévenir et la réprimer». Le 4 décembre, Geneviève Guilbault s'était en outre dite troublée par les accusations du New York Times, réclamantl'ouverture d'une enquête par la police.
Après la ministre de la Sécurité publique du Québec, le Parti libéral du Québec s'est adressé au premier ministre fédéral Justin Trudeau pour que ce dernier consente «à lancer une enquête sur Pornhub et à prendre les mesures coercitives qui s'imposent pour avoir hébergé des vidéos démontrant des crimes sexuels de masse comme le viol, la traite, la maltraitance et l'agression d'enfants».
«Nous avons toujours été extrêmement préoccupés par la violence fondée sur le genre, l'exploitation des mineurs et la pornographie juvénile. Nous allons continuer à travailler avec les services de police et les agences de sécurité et tous les moyens possibles pour garantir la sécurité de tous les Canadiens», a répondu le 4 décembre Justin Trudeau, devant sa résidence d'Ottawa.
Le site pornographique Pornhub a quant à lui rejeté les allégations publiées par le New York Times. «Nous avons une tolérance zéro pour les contenus d'agressions sexuelles envers des enfants. Pornhub est résolument engagé dans la lutte contre [ces contenus] et a institué une politique de confiance et de sécurité de pointe pour identifier et éliminer les contenus illégaux de notre communauté», a fait savoir l'entreprise incriminée le jour même de la parution de l'article, d'après La Presse.
Le site de paiement Mastercard ouvre une enquête contre Pornhub
Mais ces graves accusations font déjà des vagues : l'entreprise américaine de système de paiement Mastercard a par exemple fait savoir le 6 décembre qu'elle avait lancé une enquête sur le site pour adultes avec qui elle entretient des rapports commerciaux, à la suite de la parution de l'article du New York Times.
Mastercard, qui avait précédemment assuré qu'elle travaillait avec MindGeek pour «comprendre» la situation, a en outre fait savoir que, si les accusations étaient fondées, elle prendrait des «mesures immédiates» pouvant inclure la retenue des paiements à destination de Pornhub, voire le refus de faire partie du réseau de mode de paiement du site pour adulte.
Cette prise de position de Mastercard fait suite à plusieurs appels en ce sens, dont celui lancé par le milliardaire Bill Ackman. L'auteur de l'article explosif du New York Times, Nicholas Kristof, s'est quant à lui félicité de la décision de Mastercard, appelant par ailleurs Google à «cesser de générer du trafic de recherche vers des vidéos de viols ou des sites pouvant les héberger».