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Allemagne : ce que l'on sait des événements de Trèves, où une voiture a percuté et tué des passants

Cinq personnes sont mortes percutées par une voiture le 1er décembre à Trèves, en Allemagne, dont un bébé de 9 mois. Un suspect de 51 ans a été arrêté. Il pourrait être atteint de troubles psychologiques. La piste islamiste est pour l'heure écartée.

Après la scène d’horreur qu’a vécu la ville de Trèves en Allemagne le 1er décembre 2020,0 lorsque le conducteur d’une Range Rover grise a percuté les passants d'une rue piétonne, l’heure est au bilan et à l’enquête. L’acte serait «intentionnel», selon la police, qui n’a pour l’heure pas d'éléments établissant une motivation politique de l’agresseur et écarte a priori la piste islamiste.

La police rapporte que cinq personnes sont décédées, dont un enfant de neuf mois, trois femmes âgées respectivement de 25, 52 et 73 ans et un homme de 35 ans, tous habitants de Trèves. Plusieurs blessés sont aussi à déplorer, comme le rapporte le ministre de l’Intérieur de l’Etat fédéré de Rhénanie-Palatinat Roger Lewentz.

«Nous avons arrêté une personne, un véhicule a été immobilisé», a déclaré la police, ajoutant que le suspect de 51 ans avait été maîtrisé dans les minutes suivant l’accident et était maintenant interrogé par la police.

Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, on voit l’homme maintenu au sol par trois personnes, sa voiture emboutie et entourée de plusieurs véhicules de police, sirènes hurlantes, certaines immobiles, d'autres circulant dans la rue.

Le maire de Trèves Wolfram Leibe a affirmé qu’il se pourrait «que nous ayons à faire à un suspect avec des problèmes psychologiques, mais nous ne devons pas émettre de jugements prématurés». Les autorités indiquent qu’une évaluation approfondie de la santé mentale du suspect sera nécessaire pour déterminer s’il pouvait être déclaré pénalement responsable.

Quoi qu’il en soit, le suspect avait passé les nuits précédant les faits dans la voiture, n’ayant apparemment pas d’adresse fixe connue, selon un responsable de la police de Trèves, Franz-Dieter Ankner.

Le procureur Peter Fritzen a ajouté lors d'une conférence de presse dans la soirée du 1er décembre que l’homme avait beaucoup d’alcool dans le sang au moment de son arrestation.

«On entend tant de choses mais on pense que c'est loin, que ça ne peut pas se produire dans une petite ville comme Trèves»

Wolfram Leibe a confié à la télévision SWR avoir «marché dans le centre-ville» après l’événement et avoir été confronté à une scène «horrible». «Il y a une chaussure de sport par terre, et la fille à qui elle appartient est morte.» Il a aussi informé la chaîne N-TV que les témoins des faits étaient totalement traumatisés.

Les lieux ont été désertés et balisés à l’aide de rubans rouges et blancs qui en bloquaient l’accès, raconte une journaliste de l’AFP. Michel, un commerçant du centre, relate auprès de l'agence de presse avoir entendu un fort «boum inhabituel», qui le laisse penser à un choc entre un vélo et une voiture. «Très vite sont arrivés de plus en plus de véhicules de police», puis des ambulances. Il peine à réaliser ce qui s’est produit près de sa boutique : «On entend tant de choses mais on pense que c'est loin, que ça ne peut pas se produire dans une petite ville comme Trèves, c'est surréaliste.»

«Des gens ont été arrachés à la vie en une seconde»

La chancelière allemande Angela Merkel s’est exprimée dans un tweet posté par un porte-parole : «Les nouvelles de Trèves me rendent très triste. Ma sympathie aux familles de ceux à qui la vie a été si soudainement et violemment arrachée. Je pense aussi aux personnes qui ont été blessées, dans certains cas très sérieusement, et je leur souhaite d’avoir de la force.»

Malu Dreyer, la ministre-présidente de Rhénanie-Palatinat a elle aussi dit sa désolation auprès de la presse : «Des gens ont été arrachés à la vie en une seconde, tués par cet acte de folie, dont un petit enfant, un bébé.»

Le maire Wolfram Leibe a annoncé son souhait d’établir «un mémorial» en souvenir de ce 1er décembre. Il s’est attristé face à ce qu’il nomme «le jour le plus noir» pour la ville «depuis la Seconde Guerre mondiale». «Je veux savoir pourquoi quelqu’un a fait ça» mais «je ne sais pas si j’aurai la réponse» a-t-il ajouté.

17 attentats déjoués depuis 2009

Depuis plusieurs années, l’Allemagne est en proie à des actions violentes, dont certaines se sont avérées de nature terroristes. Depuis l’attaque au camion du marché de Noël de Berlin en 2016 qui avait fait 12 morts et des dizaines de blessés, le pays a instauré des normes de sécurité dans les zones piétonnes.

En octobre 2019, un homme a ouvert le feu sur une synagogue de la ville de Halle. Par la suite en février 2020, un homme a tué neuf migrants à Hanau, près de Francfort, avant de tuer sa mère et de se suicider. Selon le ministère de l’Intérieur, depuis 2009, les autorités allemandes ont déjoué 17 tentatives d’attentat.