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Affaire Navalny : l'OIAC demande plus de «transparence», Moscou dénonce un manque de coopération

La Russie a de nouveau été confrontée à des allégations de recours à l'arme chimique le 30 novembre, au cours d'une réunion des pays membres de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).

Moscou a été pressé par les pays occidentaux de révéler dans la «transparence» les circonstances de l'empoisonnement présumé de l'opposant russe Alexeï Navalny par un agent neurotoxique de type Novitchok. Dans un communiqué commun, 56 pays dont les Etats-Unis, le Japon, le Canada, l'Australie et un certain nombre de pays européens ont déclaré «condamner dans les termes les plus forts» l'attaque commise contre Alexeï Navalny.

La mission britannique auprès de l'OIAC a publié plus tard sur sa page Twitter un message pointant du doigt «l’implication et la responsabilité de la Russie dans cette terrible attaque».

Les pays signataires ont pressé la Russie de «dévoiler de façon rapide et transparente les circonstances de cette attaque à l'arme chimique» commise sur son territoire.

Le directeur général de l'OIAC, Fernando Arias, a par ailleurs indiqué que l'organisation était toujours en pourparlers avec Moscou sur l'envoi d'une équipe d'enquêteurs en Russie, alors que l'OIAC a confirmé la présence de traces de Novitchok dans des prélèvements effectués sur l'opposant russe après son hospitalisation à Berlin suite à l'empoisonnement présumé. 

La Russie dénonce le manque de coopération de l'Allemagne dans cette «histoire très opaque»

La Russie, de son côté, considère que l'Allemagne a violé ses obligations au titre de la Convention sur les armes chimiques (CAC) en refusant de coopérer avec elle sur le dossier d'Alexeï Navalny, indique une déclaration de la délégation russe à l'occasion de la 25e session de la Conférence des Etats parties à l'OIAC, qui s'est ouverte lundi 30 novembre.

«Nous voudrions nous-mêmes comprendre ce qui s’est passé. C’est une histoire très opaque, avec des zones d'ombre», a commenté Alexandre Choulguine, représentant permanent de la Russie auprès de l'OIAC, au sujet de la déclaration commune des 56 pays. Une situation qui «devient encore plus embrouillée compte tenu des réponses qui viennent d’être publiées par le gouvernement fédéral d’Allemagne à 76 questions posées par les députés du Bundestag», considère Alexandre Choulguine. Selon lui, «il est clair que le gouvernement allemand a cherché à esquiver un certain nombre de questions gênantes» car «on voit partout des libellés tels que "le gouvernement fédéral ne sait rien à ce sujet", "il n’est pas au courant", "il ne sait pas"».

La délégation russe a également rappelé que dès le début de l'affaire, le gouvernement allemand n'avait pas voulu coopérer dans l'enquête préliminaire sur l'empoisonnement présumé de l'opposant, ce qui a empêché d'établir la vérité. «Le refus complet de coopérer avec les forces russes de police et de justice et des agences de santé, ainsi que le mépris flagrant, ou des réponses purement formelles, face à cinq demandes envoyées par le parquet général de la Fédération de Russie en vertu de la Convention européenne d'entraide judiciaire en matière pénale de 1959 en témoignent», lit-on dans le communiqué signé par la délégation russe et cité par l'agence Tass.

Ainsi, Moscou estime que Berlin a violé les dispositions de la Convention [sur l’interdiction des armes chimiques]. «Comment peut-on interpréter autrement la réticence de l’Allemagne à s’acquitter de ses obligations en vertu des articles VII et IX de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques qui stipulent clairement que les Etats membres doivent s’accorder mutuellement une aide judiciaire et prendre toutes les mesures nécessaires afin de clarifier les incertitudes par l’échange d’informations et de consultations bilatérales ?», s'interrogent les signataires. 

Plus tôt, le ministère russe des Affaires étrangères a dénoncé, par la voix de sa porte-parole Maria Zakharova, une «politique intransigeante d’accusation» de la part des pays occidentaux ainsi qu'«une vaste campagne de désinformation lancée par l’Occident autour de la situation du citoyen russe Navalny».