Après quatre ans de relations tendues avec l'administration Trump, l'OTAN se réjouit déjà de travailler avec le démocrate Joe Biden : le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg a annoncé ce 30 novembre avoir invité l'ancien vice-président à un sommet début 2021.
«J'ai invité Joe Biden à participer à un sommet de l'OTAN au début de l'année prochaine, à une date qui reste à fixer, pour discuter d'importants sujets, notamment des décisions à prendre sur le maintien ou le retrait de la mission de l'Alliance en Afghanistan», a-t-il ainsi fait savoir au cours d'une conférence de presse. Si l'Alliance Atlantique prend les devants, alors même que Joe Biden n'est pas encore élu officiellement et que sa victoire est contestée par le président sortant, c'est peut-être parce que les grandes lignes de la diplomatie envisagée par le démocrate sont davantage en adéquation avec la ligne défendue par l'OTAN.
Le président américain Donald Trump a en effet décidé de réduire le contingent américain de la mission «Resolute Support» de l'OTAN en Afghanistan qui compte actuellement 11 000 militaires, dont un peu moins de la moitié sont Américains. Or Jens Stoltenberg n'exclut pas de poursuivre la mission de l'Alliance dans le pays et verrait donc d'un bon œil un éventuel changement d'administration à Washington.
«Des décisions difficiles devront être prises en 2021 si les Taliban ne respectent pas leurs engagements. Nous n'avons aucune garantie que les pourparlers de paix réussissent et nous serons confrontés à un dilemme», a-t-il ainsi prévenu. «Soit l'Alliance quitte l'Afghanistan et le pays risque de devenir un nouveau sanctuaire pour les terroristes qui mènent des opérations contre nous, soit l'OTAN reste, avec une nouvelle mission, mais elle sera confrontée au risque de combats», a-t-il encore poursuivi.
«Il connaît bien l'Alliance et c'est une bonne chose pour nous»
Cette seconde option, si elle venait à être privilégiée, pourrait-elle remettre en question le retrait des troupes américaines ? L'avenir le dira, si d'aventure, Joe Biden accède à la présidence. Une chose est sûre, le candidat démocrate est à en croire Jens Stoltenberg «un grand partisan de l'OTAN» : «Il connaît bien l'Alliance et c'est une bonne chose pour nous.»
Fin octobre, quelques jours avant la présidentielle américaine, l'Alliance Atlantique avait déjà laissé paraître sa préférence. «La plupart des alliés souhaitent une victoire de Biden le mois prochain mais ils travailleraient évidemment avec une administration Trump reconduite», avait ainsi affirmé un diplomate, cité par Reuters, au siège de l'OTAN à Bruxelles. Un second diplomate avait alors ajouté qu'un sommet en mars «donnerait à Biden une tribune pour réunir à nouveau l'Europe et l'Amérique du Nord et cela fournirait aussi à l'OTAN l'opportunité de laisser derrière elle l'époque Trump».
Il faut dire que l'actuel locataire de la Maison Blanche n'a pas hésité durant son mandat à critiquer frontalement l'OTAN qu'il a qualifié d'«obsolète», soutenant également que certains alliés étaient des «délinquants». Le chef d'Etat américain avait par ailleurs menacé en juillet 2018 de manière voilée de retirer les Etats-Unis de l'organisation... pour mieux contraindre les alliés de participer à son financement.