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L'Allemagne veut interdire les séjours de ski, Paris salue cette décision, l'Autriche peste

Le ministre français de l'Economie a salué à Rome la «position de sagesse» de la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays veut que l'Union européenne interdise les séjours de ski jusqu'au 10 janvier pour éviter la propagation du Covid.

L'Allemagne veut faire interdire dans toute l'Union européenne les séjours de ski pour lutter contre la propagation du Covid-19. Une position saluée le 26 novembre par Bruno Le Maire. «Je crois que la position exprimée par Madame Merkel est une position de sagesse, c'est celle qu'a défendue le président de la République [Emmanuel Macron] dès le premier jour», a déclaré le ministre de l'Economie, interrogé par l'AFP en marge d'un déplacement à Rome.

«Cela a toujours été la position exprimée par le président de la République d'avoir sur ce sujet une coordination étroite des pays européens de façon à ce que les uns et les autres ne soient pas pénalisés par les décisions que chacun pourrait prendre», a-t-il précisé.

«Nous devons sur ce sujet-là, comme sur tous les autres, faire preuve de solidarité, et la solidarité c'est d'accepter de  prendre les même décisions sur des sujets où il y a des enjeux économiques qui sont importants, et des enjeux sanitaires qui sont aussi très importants», a-t-il expliqué.

Angela Merkel a invité le 25 novembre les Allemands à ne pas partir à l'étranger durant les vacances de Noël, en particulier au ski. Le gouvernement fédéral et les régions vont ainsi demander à l'Union européenne d'interdire jusqu'au 10 janvier les séjours de ski.

«Je vais être honnête avec vous, ce ne sera probablement pas facile, mais nous allons essayer», a-t-elle reconnu lors d'une conférence de presse.

La Bavière, très prisée des skieurs allemands, avait annoncé le 24 novembre la fermeture de ses stations à Noël. Mais l'Autriche voisine est sur une autre ligne et prévoit l'ouverture de ses pistes.

Vienne avertit : «Si l'UE veut vraiment cela, alors elle devra payer»

L'Autriche a ainsi mis en garde contre les effets «désastreux» sur son économie d'une interdiction du ski à l'échelle européenne jusqu'au 10 janvier, alors qu'elle est l'une des plus dépendantes du tourisme hivernal sur le continent.

«Ce serait absolument catastrophique non seulement pour nous, mais pour le pays tout entier», a déclaré à l'AFP le député conservateur Franz Hörl, directeur de l'Association des exploitants de remontées mécaniques.

Une telle interdiction pourrait menacer environ un tiers des revenus annuels de l'industrie des sports d'hiver dans les 250 stations du pays alpin, qui réalisent une grande partie de leurs bénéfices pendant les fêtes de fin d'année.

«Nous vivons du tourisme non pas à 100%, mais à 110%», souligne auprès de l'agence de presse Andreas Steibl, responsable du tourisme de la station d'Ischgl, qui redoute le spectre d'une saison blanche.

Selon le ministre conservateur des Finances, le maintien à l'arrêt des infrastructures entraînerait une perte de deux milliards d'euros. «Si l'UE veut vraiment cela, alors elle devra payer», a estimé Gernot Blümel, laissant entendre que son pays réclamerait des indemnisations.

Chaque hiver, les pentes enneigées de la province du Tyrol attirent à elles seules plus de six millions de touristes.

Les acteurs locaux et le gouvernement ont investi plusieurs millions d'euros pour sécuriser sur un plan sanitaire la saison 2020/2021, après l'émergence d'un foyer de contaminations en mars dans l'un des villages huppés de l'ouest du pays.

Bien que l'Autriche soit à nouveau confinée jusqu'au 7 décembre, ses remontées mécaniques prévoyaient de redémarrer à temps pour Noël, à l'inverse de leurs concurrentes françaises et italiennes. 

Alors que les touristes originaires d'Allemagne génèrent à eux seuls 50% des nuitées dans le Tyrol, la chancelière Angela Merkel a exhorté ses concitoyens à renoncer aux plaisirs de la glisse cette saison.