Dans un livre d'entretiens intitulé Un temps pour changer, qui paraîtra en français le 2 décembre, le pape François prend position sur plusieurs sujets de sociétés, entre critiques cinglantes des mouvements sociaux contre les restrictions des libertés décidées par les gouvernements pour faire face au Covid-19, soutien au mouvement Black Lives Matter ou encore défense de l'immigration.
Comme si les mesures que les gouvernements doivent imposer pour le bien de leur peuple constituaient une sorte d'attaque politicienne contre leur liberté individuelle
«Certains groupes ont protesté, refusant de garder leurs distances, manifestant contre les restrictions de déplacements – comme si les mesures que les gouvernements doivent imposer pour le bien de leur peuple constituaient une sorte d'attaque politicienne contre leur liberté individuelle», s'émeut ainsi le pape François dans son ouvrage.
L'Argentin cible plus particulièrement ceux qui s'insurgent «d'être obligé de porter un masque», obligation décrite par certains comme «un abus de pouvoir de l'Etat», alors que, selon lui, ces derniers ne se soucieraient jamais des personnes qui ont perdu leur emploi ou n'ont pas de sécurité sociale.
Pour le souverain pontife, les personnes qui luttent contre les restrictions de liberté font ainsi preuve d'un certain égoïsme, puisqu'elles ne monteront pas au créneau «contre des bidonvilles où les enfants manquent d'eau et d'instruction» ou pour que «les sommes faramineuses investies dans le commerce des armes servent à nourrir l'ensemble de la race humaine et à scolariser chaque enfant». Et de marteler : «Tu ne verras jamais ces gens-là protester contre la mort de George Floyd [...], ils sont incapables de sortir de leur propre petit monde d'intérêts.»
A contrario, les mouvements de protestation qui ont suivi la mort de cet Afro-américain, tué par un policier blanc, trouvent tout à fait grâce aux yeux du pape François, qui salue une «saine indignation». Se saisissant pleinement de la problématique anti-raciste telle qu'elle existe outre-Atlantique, le pape a d'ailleurs reçu au Vatican le 23 novembre des joueurs de la NBA, la ligue américaine de basket, engagés contre le racisme et les injustices sociales. «Une "dream team" a traversé l'océan pour dire, avec le pape François, "non au racisme"», a évoqué l'agence Vatican News à propos de ce qu'elle qualifie de «rencontre inhabituelle entre des univers très différents».