Le 24 novembre 2020, la police brésilienne a arrêté une responsable d’un supermarché Carrefour à Porto Alegre en tant que «coauteur» présumée du meurtre d’un homme noir, roué de coups le 19 novembre par deux vigiles du magasin, qui a suscité l'émoi dans le pays.
«Elle avait autorité sur les deux surveillants. Du fait de son poste, la loi la considère comme coauteur du meurtre. Son placement en détention provisoire a été demandé», a déclaré en conférence de presse Vanessa Pitrez, enquêteur de la police, citée par le portail d’information UOL.
Selon une vidéo choquante diffusée par les médias, la superviseuse apparaissait aux côtés des deux surveillants – qui on été écroués – lorsque ceux-ci s'acharnaient sur Joao Batista Rodrigues Freitas sur le parking du Carrefour, où il a été battu à mort.
La femme, qui avait été vue en train de filmer la scène, aurait menti aux enquêteurs lors de son premier interrogatoire, en assurant ne pas avoir entendu la victime appeler à l'aide et en prétendant qu'un des gardiens était un policier client du supermarché, pour occulter le fait qu'il était employé par Carrefour.
La responsable du magasin a assuré qu'elle avait demandé à plusieurs reprises aux gardiens de relâcher l’homme, d’après des extraits de son témoignage diffusé sur la chaîne Globo. Cependant, dans certains extraits de la vidéo, on l'entend l’avertir qu’il doit se calmer s'il veut être libéré ou lui dire qu’il ne sera pas relâché avant l’arrivée de la police.
«Aidez-moi», peut-on entendre la victime supplier dans la vidéo, alors que la superviseuse se trouve à quelques pas. «J'ai mal, je vais mourir», ajoute l'homme de 40 ans, qui est décédé la veille du jour de la Conscience noire, célébré dans une grande partie du Brésil.
Des manifestations et des initiatives pour pour lutter contre le racisme
Cet homicide a provoqué des manifestations anti-racistes dans plusieurs villes du Brésil. Le 23 novembre, une marche à Porto Alegre a dégénéré en affrontements entre un groupe de manifestants et la police, devant une succursale de la chaîne française de supermarchés Carrefour.
Après avoir vu ses actions chuter lundi à la Bourse de Sao Paulo, Carrefour a annoncé la création d'un fonds de 25 millions de réaux (soit environ 4 millions d'euros) pour la promotion d'actions contre le racisme au Brésil.
Dans le même temps, 12 fournisseurs de Carrefour – dont des géants comme Coca Cola, Danone, Pepsico, Heineken, Kellogg’s, L’Oréal ou encore Nestlé – ont annoncé qu'ils s'unissaient pour prendre des initiatives «afin de combattre le racisme structurel» dans le pays.