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La Russie affirme que le vaccin Spoutnik V sera moins cher que ses concurrents occidentaux

Alors que les dirigeants du G20 ont appelé à une distribution équitable du vaccin contre la Covid-19, les géants pharmaceutiques américains commencent à fixer le coût de leurs formules. La Russie affirme que son alternative sera moins chère.

Deux fabricants de médicament américains qui se préparent à commercialiser les vaccins contre le coronavirus ont révélé leurs stratégies de prix. Pfizer, qui a fait une demande de d'autorisation américaine de sa formule samedi 21 novembre, a fait savoir plus tôt qu'une dose de son produit coûterait 19,50 dollars, mais en raison de deux doses par patient, le coût final de la vaccination serait de 39 dollars, soit environ 33 euros. Moderna, qui s'apprête à signer un accord pour la livraison de son vaccin à l'Union européenne, a annoncé la semaine dernière qu'elle facturerait entre 25 et 37 dollars par dose (entre 21 et 31 euros environ), selon la quantité de la commande. Cela signifie que le tarif pour les deux doses prévues par le schéma de vaccination de Moderna sera parmi les plus élevés du marché actuel, soit entre 50 et 60 dollars par vaccination (entre 42 et 50 euros environ). 

C'est à ce moment que le fabricant du premier vaccin russe contre la Covid-19 Spoutnik V a annoncé que le prix de sa formule «serait beaucoup plus bas». Le service de presse du Fonds souverain russe (RDIF), qui a financé la mise au point du vaccin par le centre Gamaleïa de Moscou, a déclaré que la structure de prix serait officiellement annoncée prochainement, sachant que le prix à l'exportation indiqué précédemment était d'environ 10 dollars pour les deux doses (environ 8,40 euros).

En août, la Russie est devenue le premier pays au monde à enregistrer son vaccin contre la Covid-19. Les détails sur les premiers résultats des essais cliniques ont ensuite été publiés dans le journal médical britannique The Lancet, qui ont montré que le vaccin était capable de provoquer une réponse immunitaire forte chez des volontaires. Cependant, certains scientifiques et spécialistes internationaux ont exprimé leurs inquiétudes face à la précipitation avec laquelle le vaccin a été enregistré.

La formule de l'institut Gamaleïa est un vaccin à «vecteur viral» : il utilise comme support deux adénovirus humains (famille de virus très courants) transformés et adaptés pour combattre le Covid-19. Cette approche, utilisant des adénovirus, a déjà conduit au développement de trois autres vaccins: un contre Ebola, ainsi que deux médicaments anticancéreux. Probablement l'utilisation de cette «plate-forme technologique bien testée avec une sécurité à long terme prouvée» joue un rôle dans la rapidité et la rentabilité de la fabrication du vaccin et par conséquent explique son prix inférieur. 

Depuis plusieurs semaines les pays d’Europe, d’Asie et des Amériques s'acharnent pour garantir les futurs approvisionnements en vaccins contre le coronavirus, remplissant souvent les carnets de commandes de plusieurs fabricants pharmaceutiques à la fois pour couvrir leurs besoins. Cela suscite des inquiétudes concernant les pays les plus pauvres qui peuvent rester de côté dans cette course. A cet égard les chefs d'Etat et de gouvernement du G20 ont profité du premier jour du sommet qui a eu lieu le week-end dernier pour s'engager à «ne reculer devant aucun effort» afin de garantir aux populations du monde entier un accès équitable aux vaccins, tests et médicaments anti-coronavirus. «Nous avons mobilisé des ressources pour répondre aux besoins de financement immédiats dans le domaine de la santé mondiale afin de soutenir la recherche, le développement, la fabrication et la distribution de diagnostics, de traitements et de vaccins sûrs et efficaces contre le Covid-19», indique le communiqué final du sommet G20.