Le président russe Vladimir Poutine a expliqué lors d’une interview dans l’émission «Moscou. Kremlin. Poutine», diffusée par la chaîne Rossia-1 le 22 novembre, les raisons pour lesquelles il n’a pas encore félicité le vainqueur de l’élection présidentielle américaine, la victoire revendiquée par Joe Biden étant contestée par Donald Trump, dont les équipes ont lancé des procédures judiciaires, agitant l'argument de fraudes massives en faveur du candidat démocrate.
«Je tiens à vous assurer qu’il n’y a aucune arrière-pensée : ce n’est pas que quelqu’un nous plaise ou nous déplaise, nous attendons tout simplement la fin du duel politique intérieur», a-t-il déclaré face au journaliste Pavel Zaroubine.
Vladimir Poutine a assuré respecter «tout le monde : le président en exercice M. Trump et le candidat à la présidence M. Biden». Il a tenu à rappeler l’importance des «procédures purement formelles» qui devaient «être suivies conformément à la pratique établie et aux aspects juridiques de la question». Pour le chef d’Etat russe, le fait d’attendre les résultats définitifs de l’élection ne représente rien «qui puisse servir de base pour la dégradation de nos relations à l’avenir. Ce n’est que l’aspect formel de la question».
Quoi qu’il arrive, il assure que la Russie coopèrera «avec la personne qui obtiendra la confiance du peuple américain, quelle qu’elle soit», estimant que le résultat devait être défini «soit par la coutume politique selon laquelle une partie reconnaît la victoire de l’autre, soit par [l’annonce] des résultats définitifs de l’élection établis de manière légitime, légale».
La légitimité ou l’illégitimité des autorités doivent avant tout être évaluées par les Américains eux-mêmes
Après avoir assuré qu’il reconnaîtrait les résultats définitifs de l’élection, Vladimir Poutine, interrogé sur le système électoral américain d’une grande complexité – vote par correspondance, grands électeurs, etc. –, a reconnu la possibilité que celui-ci «présente des problèmes» tout en précisant : «Je crois que c’est clair pour les Américains». Mais «la légitimité ou l’illégitimité des autorités doivent avant tout être évaluées par les Américains eux-mêmes. C’est une chose essentielle parce que la confiance du peuple de tel ou tel pays dans les autorités politiques en dépend», considère-t-il.
Précisant qu'il ne cherchait pas à «stigmatiser le système politique électoral américain», il a tenu à rappeler qu’il n’était pas du ressort de la Russie de «décider s’il [devait] être modifié ou non. C’est au peuple américain, à ses représentants au Parlement, au président – en fin de compte, au peuple américain d’en décider. Si cela leur convient, grand bien leur fasse !»
Il a enfin appuyé l'idée que rien n’autorisait qui que ce soit «à montrer du doigt les défauts d’autres systèmes politiques, notamment en matière de droit électoral, ainsi que dans d’autres domaines. Nous nous opposons constamment à toute ingérence dans nos affaires intérieures – en fait, tout comme les Américains».
Recomptage des voix aux Etats-Unis
Aux Etats-Unis, Donald Trump continue de dénoncer des fraudes qui auraient entaché l'élection dans plusieurs Etats, et a déposé des recours devant les tribunaux. Certains Etats ont été contraints d'exiger un recomptage des voix du scrutin, à l’instar de la Géorgie, où Joe Biden avait obtenu 14 000 voix d’avance sur Donald Trump. Après recomptage le 19 novembre, le résultat reste le même, à la différence que le démocrate obtient 12 200 voix de plus que le républicain, rapporte l’AFP.
Le 22 novembre, un juge de l'Etat américain de Pennsylvanie a fermement rejeté les allégations de fraude électorale portées par le président sortant Donald Trump, qui nie toujours sa défaite à l'élection présidentielle.
Quant à Joe Biden, il estime que le comportement de son adversaire «va le faire entrer dans l'Histoire pour être un des présidents le plus irresponsable qu'aient connu les Etats-Unis», comme il l’a affirmé le 19 novembre lors d’une conférence de presse.