Au cours d'échanges avec le président azéri Ilham Aliev et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian le 19 novembre, Emmanuel Macron a fait part de son souhait que la fin des combats puisse «permettre de reprendre des négociations de bonne foi, afin de protéger la population du Haut-Karabagh et d’assurer le retour de dizaines de milliers de personnes ayant fui leurs habitations», a précisé la présidence.
L'Azerbaïdjan et l'Arménie ont signé la semaine dernière un accord parrainé par la Russie qui a mis fin à plusieurs semaines d'affrontements meurtriers dans le Haut-Karabagh, région d'Azerbaïdjan à majorité arménienne.
Mais, pour Paris, cet accord «nécessite d'être consolidé», avec une «clarification des points importants», notamment sur la poursuite des négociations.
«Notre souhait est que le groupe de Minsk [qui réunit France, Russie et Etats-Unis comme médiateurs] joue tout son rôle pour acter les modalités de surveillance», a précisé l'Elysée.
Paris demande donc «une forme de supervision internationale de ce cessez-le-feu» afin qu'il permette le retour des déplacés, l'acheminement de l'aide humanitaire, le retour des combattants étrangers, en particulier des Syriens acheminés par la Turquie, et une véritable négociation sur le statut du Haut-Karabagh.
La France s'inquiète de l'éventualité que la Turquie puisse, avec l'accord de la Russie, être associée aux opérations de maintien de la paix, même si les contours de son rôle restent flous.
Pour l'Elysée, la Russie devrait privilégier le groupe de Minsk plutôt que de chercher à s'inspirer du processus de paix dit d'Astana sur la Syrie, chapeauté lui par Moscou, Ankara et Téhéran.
Dans ses échanges, Emmanuel Macron a également annoncé un «effort d’aide humanitaire porté par la France et sa volonté que des mesures fortes soient prises pour protéger le patrimoine religieux et culturel» du Haut-Karabagh. Il en a aussi discuté avec la directrice générale de l'Unesco Audrey Azoulay, selon l'Elysée.
Le Sénat pour «la reconnaissance de la République du Haut-Karabagh»
Le Sénat pour sa part va demander «la reconnaissance de la République du Haut-Karabagh». Le Sénat va voter le 25 novembre sur un projet de résolution en ce sens, co-signé par les deux principales composantes de la majorité sénatoriale de droite et les trois groupes de gauche.
Le texte, qui n'a pas de valeur contraignante, a été inscrit à l'ordre du jour de la chambre haute à la demande de son président Les Républicains (LR) Gérard Larcher. Co-signé par les présidents des groupes LR (Bruno Retailleau), centriste (Hervé Marseille), PS (Patrick Kanner), CRCE à majorité communiste (Eliane Assassi) et écologiste (Guillaume Gontard), il a toutes les chances d'être voté.
«C’est une première, il y a 20 ans pratiquement, la France a été de toutes les nations du monde la première à reconnaître le génocide arménien ; sans doute que pour la première fois au Sénat, le 25 novembre prochain, nous allons voter une résolution pour condamner les agissements de monsieur Erdogan et demander aussi une enquête internationale pour les crimes de guerre commis là-bas, notamment dans le Haut-Karabagh, mais surtout pour demander la reconnaissance de la République du Haut-Karabagh», a déclaré Bruno Retailleau sur Sud-Radio le 18 novembre.