Le président russe Vladimir Poutine, dans une interview accordée à la chaîne publique russe Rossia 24 ce 17 novembre, a commenté la situation dans la région du Haut-Karabagh, épicentre de violents combats entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, sept jours après le cessez-le-feu.
«Ce n'est pas du cinéma, mais une tragédie», a-t-il déclaré au sujet des milliers de personnes tuées et blessées dans le Haut-Karabagh. Dans ce contexte, le principal acquis des accords conclus sous l'égide de Moscou a été la fin du «carnage».
«Plus de quatre mille personnes sont mortes, selon les chiffres officiels, mais en réalité je pense qu'il y en a plus. Des dizaines de milliers de personnes ont été blessées, mutilées. Ecoutez, ce n'est pas du cinéma, c'est une tragédie qui se produit dans la vie, avec des personnes réelles, avec des familles réelles. Par conséquent, la cessation de l’effusion de sang est le résultat principal», a déclaré Vladimir Poutine au journaliste de Rossia 24.
Le chef de l'Etat russe a toutefois admis que des problèmes demeuraient, «le statut final du Haut-Karabagh n'[étant] pas réglé». Vladimir Poutine a par ailleurs expliqué qu'il avait été convenu de maintenir le statu quo et de préserver la situation actuelle.
«Ce qui va se passer ensuite doit être décidé à l'avenir, par les futurs dirigeants, futurs participants à ce processus. Mais, à mon avis, si les conditions sont créées pour une vie normale, pour le rétablissement des relations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, entre les personnes dans la vie quotidienne, en particulier dans la zone de conflit, cela créera les conditions pour déterminer le statut du Haut-Karabagh», a ajouté le président russe. Par ailleurs, il a noté que l'accord mettant fin aux combats avait été rédigé en une seule journée et qu'il avait fallu se battre pour «chaque phrase, pour chaque virgule».
«Les canons se sont tus», se félicite Moscou
Plus tôt dans la journée, c'est le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov qui avait souligné l'importance de cette paix fragile rétablie dans le Haut-Karabagh. Selon lui, le principal succès du cessez-le-feu dans la région contestée est le fait que les «canons se sont tus» et que «les gens ne meurent plus».
«Il faut s’adresser aux experts militaires», a-t-il répondu à une question concernant une évaluation officielle de la première semaine de paix au Haut-Karabagh. «Mais avant tout il faut partir du fait que les armes se sont tues, c'est l'essentiel, les gens ne meurent pas. C'est ce qui est le plus précieux», a-t-il ajouté.
Dans le même temps, le Kremlin n'a pas voulu commenter la déclaration du département d'Etat américain selon laquelle Washington et Paris attendaient des détails sur le rôle de la Turquie dans le conflit du Haut-Karabagh. «Nous ne souhaiterions certainement pas commenter les relations bilatérales des coprésidents [du Groupe de Minsk] avec la République de Turquie. Nous avons nos propres relations bilatérales, qui nous sont chères», a déclaré Dmitri Peskov.
De son côté, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a appelé la Russie à lever les «ambiguïtés» entourant le cessez-le-feu conclu au Haut-Karabagh, notamment sur le rôle de la Turquie et sur le retrait des combattants étrangers. «Ce cessez-le-feu là était indispensable pour sauver des milliers de vie (...). Mais il y a des ambiguïtés», a-t-il lancé à l'Assemblée nationale, en référence à l'accord conclu entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie sous l'égide de la Russie.