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La Moldavie élit sa première femme présidente

L'ex-Première ministre Maia Sandu a remporté le second tour de la présidentielle en Moldavie avec un programme pro-européen, en devançant largement le sortant pro-russe Igor Dodon, après le dépouillement de plus de 99% des bulletins.

Avec 99,07% des bulletins dépouillés, Maia Sandu, qui promet une lutte sans merci contre la corruption, a obtenu 57% des suffrages contre 43% pour Igor Dodon, visé par des accusations de corruption pendant son mandat de quatre ans. La victoire de Sandu, 48 ans, première femme à accéder à la présidence dans cette ex-république soviétique balançant depuis des années entre ambitions européennes et rapprochement avec Moscou, a de quoi changer les rapports de force dans ce petit pays, l'un des plus pauvres d'Europe, et dont une partie du territoire − la Transnistrie – échappe au contrôle de la capitale. 

Economiste de formation, Maia Sandu avait travaillé pour la Banque mondiale (BM) à Chisinau de 1998 à 2005, puis à Washington de 2010 à 2012. Avant son bref passage comme Première ministre, elle avait également dirigé le ministère de l'Education. 

La Moldavie, pays de 3,5 millions d'habitants, figure parmi les plus pauvres d'Europe. Jusqu'à 40% de sa population, selon les estimations, est partie à l'étranger pour échapper à la misère. Coincée entre l'Ukraine pro-occidentale et la Roumanie membre de l'Union européenne, la Moldavie a été secouée en 2015 par un énorme scandale de corruption, concernant la disparition d'un milliard de dollars − l'équivalent de 15% du PIB − des caisses de trois banques nationales.

«Aujourd'hui, vous avez le pouvoir de punir ceux qui vous ont volés, qui vous ont réduits à la misère et contraints de quitter votre maison», a lancé Maia Sandu après avoir voté à Chisinau, dans une allusion claire à son rival. «Je veux qu'on arrête d'associer la Moldavie avec la pauvreté, la corruption et l'émigration», a-t-elle ajouté.

Par ailleurs, elle a appelé à un «dialogue pragmatique avec tous les pays», notamment l'Union européenne, les Etats-Unis et la Russie, en soulignant qu'elle voulait «construire un vrai équilibre dans la politique étrangère» de la Moldavie.

Le président sortant reconnaît sa défaite, Moscou félicite la gagnante

Igor Dodon, président sortant considéré comme pro-russe, a reconnu sa défaite, félicitant sa rivale. «Le décompte préliminaire montre que mon adversaire a gagné cette élection», a-t-il déclaré durant une conférence de presse, disant «féliciter» Maia Sandu mais dénonçant un nombre «sans précédent» de violations électorales et «l'ingérence directe des leaders occidentaux».

La réaction de Moscou n'a pas tardé à suivre. Peu après la déclaration du président sortant, le président russe Vladimir Poutine a félicité Maia Sandu, exprimant l'espoir que ses démarches politiques à la tête de l'Etat contribueraient au développement constructif des relations entre Moscou et Chisinau. «Cela répondrait sans aucun doute aux intérêts fondamentaux des peuples de Russie et de Moldavie», a déclaré Vladimir Poutine, cité dans un communiqué du Kremlin.