Sous l'égide de la Russie, l'Azerbaïdjan et l'Arménie ont signé le 9 novembre au soir un accord de cessation des combats dans le Haut-Karabagh, après plus d'un mois d'affrontements meurtriers et plusieurs tentatives de médiations internationales.
Dans le cadre de ce cessez-le-feu – et pour qu'il puisse mener «à la création des conditions nécessaires pour un règlement durable» du conflit selon Moscou – le service de presse du ministère russe de la Défense a annoncé dans la nuit du 9 au 10 novembre qu'une mission de maintien de la paix composée de 1 960 militaires, 90 véhicules blindés de transport de troupes, ainsi que 380 unités de véhicules et d'équipements spéciaux avait été envoyée le long de la ligne de contact au Haut-Karabagh et le long du couloir de Lachin.
Le ministère de la Défense a ajouté que le «départ» des soldats russes de maintien de la paix était effectué depuis l'aérodrome d'Oulianovsk avec des avions IL-76 de l'aviation de transport militaire. Il est également prévu d'installer des postes d'observation russes le long de la ligne de contact dans le Haut-Karabagh et le long du couloir de Lachin.
La mission russe de maintien de la paix annoncée pour une période de cinq ans
D'autres termes, concernant la temporalité de la mission de maintien de la paix ou la rétrocession de territoires récemment conquis, ont également été gravés dans les accords.
Tout d'abord, il est demandé à Erevan et Bakou de rapatrier dès à présent leurs troupes présentes en territoire ennemi. Il s'agit même d'une condition nécessaire au déploiement du contingent de maintien de la paix de la Russie dans la région.
Ensuite, la mission russe de maintien de la paix a été annoncée pour une période de cinq ans, avec prorogation automatique de cinq ans, si aucune des parties ne déclare, six mois avant l'expiration de la période, l'intention de mettre fin à l'application de cette disposition.
Enfin, l'Arménie est dans l'obligation de rendre à l'Azerbaïdjan plusieurs régions limitrophes à celle du Haut-Karabagh occupées par ses troupes. Ainsi, d'ici le 15 novembre 2020, Erevan devra libérer la région de Kelbajar. Et d'ici le 1er décembre 2020, elle devra rendre la région de Lachin tout en laissant derrière elle le couloir de Lachin (5 km de large), qui assurera la connexion du Haut-Karabagh avec l'Arménie et en même temps n'affectera pas la ville de Chouchi.
L'Azerbaïdjan se félicite de la «capitulation» de l'Arménie
Le cessez-le-feu, entré en vigueur à 21h le 9 novembre, a été signé par le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian ainsi que le président russe Vladimir Poutine.
Le Premier ministre arménien a dit sur Facebook que la signature de l'accord avait été «incroyablement douloureuse», mais que la décision s'imposait «après une analyse en profondeur de la situation militaire», en référence aux avancées azerbaïdjanaises. En conséquences, des manifestations de colère ont eu lieu dans la nuit du 9 au 10 novembre en Arménie, où des manifestants ont envahi le siège du gouvernement et du Parlement.
Le président azerbaïdjanais a quant à lui proclamé à la télévision la «capitulation» de son ennemi, même s'il ne reconquiert pas tout le Haut-Karabagh. «J'avais dit qu'on chasserait [les Arméniens] de nos terres comme des chiens, et nous l'avons fait», a-t-il notamment martelé. Depuis fin septembre, les affrontements les plus sanglants depuis près de 30 ans opposaient des forces pro-arméniennes à l'armée azerbaïdjanaise, dans des combats qui ont tourné à l'avantage de Bakou, soutenu par la Turquie.