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Cessez-le-feu au Haut-Karabagh : Bakou se réjouit d'une «capitulation», Erevan évoque sa «douleur»

L'Arménie et l'Azerbaïdjan ont réagi à la signature – sous l'égide de la Russie – de l'accord mettant fin aux combats dans le Haut-Karabagh. Pour Erevan c'est une initiative «incroyablement douloureuse», pour Bakou une «capitulation» de l'Arménie.

Dans un communiqué posté dans la nuit du 9 au 10 novembre sur sa page Facebook, le Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan, a réagi à l'accord de cessation des combats dans le Haut-Karabagh qu'il a signé avec les dirigeants azéri et russe. «J'ai signé une déclaration avec les présidents de Russie et d'Azerbaïdjan sur la fin de la guerre au Karabagh», a-t-il écrit, qualifiant cette décision «d'incroyablement douloureuse» mais qui s'imposait «après une analyse en profondeur de la situation militaire», référence aux avancées azerbaïdjanaises. «Je suis, bien sûr, en Arménie et je continue à remplir les fonctions de Premier ministre de la République d'Arménie.», a-t-il encore fait savoir.

A l'annonce de cet accord, plusieurs milliers de manifestants en colère se sont par ailleurs rassemblés aux abords du siège du gouvernement arménien dans la capitale du pays, Erevan. Selon un journaliste de l'AFP présent sur les lieux, des centaines d'entre eux ont pénétré dans les locaux, brisant des vitres et saccageant des bureaux. Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a lui expliqué que sa résidence avait été pillée et qu'un ordinateur, une montre, un parfum, un permis de conduire, et d'autres objets y avaient été volés.

J'avais dit qu'on chasserait [les Arméniens] de nos terres comme des chiens, et nous l'avons fait

De son côté, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a estimé que l'accord de fin des hostilités dans le Haut-Karabagh était une «capitulation» de l'Arménie après six semaines de combats. «Nous avons forcé [le Premier ministre arménien Nikol Pachinian] à signer le document, cela revient à une capitulation», a-t-déclaré dit à la télévision, avant d'ajouter : «J'avais dit qu'on chasserait [les Arméniens] de nos terres comme des chiens, et nous l'avons fait.»

Des soldats russes déployés dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu

Dans des propos rapportés par l'agence russe Tass, Ilham Aliyev a noté le rôle particulier de la Russie dans le règlement du conflit du Haut-Karabagh et a remercié Poutine pour sa participation personnelle : «Je voudrais vous exprimer, Vladimir Vladimirovitch [Poutine], ma gratitude pour votre participation active au processus de règlement au cours des années précédentes, et en particulier pendant la phase chaude du conflit. Le fait qu'aujourd'hui trois dirigeants des pays signent ce document témoigne du rôle spécial de la Fédération de Russie dans le règlement de ce conflit.» Il s'est également déclaré convaincu que la Fédération de Russie jouerait un rôle important dans la normalisation des relations entre Erevan et Bakou.

Le ministre des Affaires étrangères de la Turquie – soutien de Bakou – a quant à lui «chaleureusement» félicité l'Azerbaïdjan pour «des gains importants sur le terrain et à la table des négociations».

Le président russe, Vladimir Poutine, avait confirmé dans la nuit du 9 au 10 novembre qu'un accord sur un arrêt total des hostilités dans la région du Haut-Karabagh avait été signé par les dirigeants russe, arménien et azerbaïdjanais.

«Le 9 novembre, le président de l'Azerbaïdjan, le Premier ministre de l'Arménie et le président de la Fédération de Russie ont signé une déclaration annonçant un cessez-le-feu total et la fin de toutes les actions militaires dans la zone du conflit du Haut-Karabagh à partir de minuit le 10 novembre heure de Moscou», a annoncé Vladimir Poutine, dans un message diffusé sur le site de la présidence russe.

La déclaration nocturne de Vladimir Poutine précise notamment certaines modalités de l'accord. Bakou et Erevan procéderont ainsi à un échange de prisonniers, des soldats russes seront déployés dans la région dans le cadre du maintien de la paix. Le président russe a également spécifié que les routes de transport devraient être débloquées et que les gardes-frontières en assureraient la sécurité. 

Cette annonce fait suite à six semaines de lourds combats entre Erevan et Bakou. L'Azerbaïdjan avait revendiqué le 8 novembre la prise de la deuxième plus importante ville du Haut-Karabagh. Le 9 novembre un hélicoptère russe a par aillers été abattu au-dessus de l'Arménie, attaqué depuis le sol au moyen d'un système de missiles portatif. Deux membres de l'équipage sont morts, un autre blessé. L'Azerbaïdjan a reconnu être à l'origine de l'attaque et a présenté ses excuses.