L'annonce de la victoire de Joe Biden dans la course à la Maison Blanche par les médias américains a déclenché des scènes de liesse le 7 novembre 2020 à Tijuana, ville frontalière mexicaine qui jouxte San Diego (Californie).
Des migrants – pour la plupart originaires de Haïti – ont agité des drapeaux américains tandis que des coups de klaxons retentissaient peu après l'annonce par les médias de la victoire du candidat démocrate.
Le pasteur Gustavo Banda, qui dirige l'église Embajadores de Jesús (Ambassadeurs de Jésus) de Tijuana s'est lui aussi enthousiasmé : «Nous célébrons la victoire de Joe Biden et le départ de Donald Trump.» Sous une pluie battante, entouré d'adolescents haïtiens et d'autres originaires d'Amérique centrale, le pasteur s'est symboliquement posté près du poste frontière traversé quotidiennement par des Mexicains qui travaillent légalement en Californie.
«Nous espérons que les droits humains seront véritablement respectés au cours de cette nouvelle présidence», insiste le pasteur dont l'église a accueilli des centaines d'Haïtiens arrivés à Tijuana en 2017. Il s'est dit convaincu qu'avec le triomphe de Biden, «les familles [entrant illégalement aux Etats-Unis] ne seront plus séparées et que les enfants ne seront plus mis en cage» dans les centres américains de détention de migrants.
La fin de la «tolérance zéro» en matière d'immigration clandestine ?
À Ciudad Juarez, ville mexicaine située à la frontière avec le Texas et réputée notamment pour son niveau élevé de délinquance, le ton est tout aussi enjoué.
Des directeurs de refuges pour migrants, des étrangers sans papiers espèrent que la victoire du candidat démocrate modifiera du tout au tout la politique migratoire de Donald Trump, pour qui la construction d'un «grand mur» le long de la frontière mexicaine avait été un argument de campagne majeur en 2016.
Afin d'empêcher l'arrivée massive de familles centraméricaines à la frontière avec le Mexique, le président républicain avait décidé de séparer les enfants de leurs parents, provoquant une vague d'indignation, en particulier dans la région. Cette politique, lancée en 2017 en tant que projet pilote, avait été officialisée en mai 2018 avec l'impératif d'une «tolérance zéro» à l'égard de l'immigration clandestine.
En janvier 2019, Donald Trump et le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador avaient scellé des protocoles de protection des migrants stipulant que les demandeurs d'asile devaient attendre au Mexique que leurs demandes soient traitées aux Etats-Unis.
Bien que l'immigration clandestine en provenance d'Amérique centrale constitue un problème récurrent entre le Mexique et les Etats-Unis depuis des décennies, des milliers d'immigrants sans papiers continuent régulièrement de marcher en caravane vers la frontière américaine.