La classe politique française s'est globalement montrée satisfaite de l'annonce, ce 7 novembre par les grands médias américains (d'AP à CNN en passant par Fox News), de la victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine.
Enthousiasme de la macronie et du centre
En premier lieu, le chef de l'Etat Emmanuel Macron a twitté : «Les Américains ont désigné leur Président. Félicitations @JoeBiden et @KamalaHarris ! Nous avons beaucoup à faire pour relever les défis d’aujourd’hui. Agissons ensemble !»
Au sein de la macronie, l'enthousiasme était de mise : le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand (La République en marche – LREM) a également adressé tous ses «vœux de succès» au démocrate «pour le monde, pour [les Etats-Unis], pour les relations avec l’Europe et pour relever les grands défis de notre époque».
De même, Stanislas Guerini, délégué général du parti présidentiel, a salué «une victoire tant attendue pour les progressistes dans le monde entier».
Chez les centristes également, le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde, a dit se «réjouir [...] de l’élection de Joe Biden». Le député s'est félicité de «la fin de quatre années de mensonges, de démagogie, de brutalité et d’hostilité à l’Europe à la Maison Blanche». «Nous retrouverons au moins des Etats-Unis dignes même si déchirés et affaiblis», a-t-il poursuivi sur Twitter.
Soulagement à gauche, espoirs à droite
A gauche, l'eurodéputé d'Europe Ecologie - Les Verts (EELV), Yannick Jadot a exprimé un «Ouf !» ajoutant, tout de même, que «le plus dur commen[çait] pour reconstruire une nation terriblement divisée». «Climat, justice sociale, démocratie, coopération internationale... l’espoir renaît !», a twitté l'écologiste.
La maire socialiste (PS) de Paris Anne Hidalgo a lancé un «welcome back America !» et exprimé ses «félicitations à Joe Biden et Kamala Harris pour cette élection [...] alors que nous allons célébrer les cinq ans de l’Accord de Paris».
«Trump a perdu. C'est une bonne nouvelle. Biden gagne. Il réintégrera l'accord de Paris sur le climat. C'est un bon point. Mais quel que soit le président américain, la France doit redevenir indépendante des Etats-Unis», a de son côté analysé le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.
Ces réjouissances vont jusqu'au Parti communiste français. Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, considère qu'«avec la victoire annoncée de Joe Biden, il y a la victoire de 28 des 37 candidats du mouvement DSA Socialiste Démocrate d'Amérique [..] un appui pour tous les travailleurs !».
Du côté de la droite, le président (Les Républicains) de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier, «souhaite» à Joe Biden «qu’il rassemble son peuple, et qu’il redonne harmonie et efficacité aux relations France/Europe/Etats-Unis».
Valérie Pécresse, présidente (Libres !) de la région Ile-de-France, espère qu'avec Joe Biden, les relations des Etats-Unis avec la France et l'Europe s'«apaiseront ».
Interrogations du côté des souverainistes et du RN
L'annonce de la victoire de Joe Biden pas la presse n'a néanmoins pas été accueillie de façon unanime par l'ensemble du corps politique français.
Florian Philippot, président du parti Les Patriotes, s'est ainsi fendu d'un tweet sibyllin : «Biden déclaré président des Etats-Unis "par les médias américains". On est impressionné... Et évidemment pile au moment de la conférence de presse des avocats de Trump. Quelle surprise. A suivre...»
Autre partisan du Frexit, le président de l'UPR François Asselineau juge que, bien que «les médias annoncent que Joe Biden est élu président des Etats-Unis», il semble que «la bataille juridique ne fait que commencer». Une référence aux promesses de multiples actions judiciaires que comptent lancer au niveau des Etats fédérés les avocats de Donald Trump, ce dernier estimant que des fraudes massives ont été commises par le biais du système de vote par correspondance durant cette élection.
«La bataille juridique commence. La Cour suprême aura le dernier mot. Mais [Emmanuel Macron] a déjà téléphoné à [JoeBiden] pour le féliciter ! Solidarité entre candidats sélectionnés par les mêmes forces euro-atlantistes», a encore twitté François Asselineau.
Le député européen du Rassemblement national (RN) Gilbert Collard estime que «les conditions douteuses de l'élection et le parti-pris médiatique pour Biden font que ce dernier n’a pas gagné». L'avocat poursuit par une moquerie sur l'âge avancé du démocrate : «Et la question demeure : Biden élu, va-t-il seulement être en capacité de savoir si c'est lui, sa femme, ou son fils qui sera président ?»
Au RN également, l'eurodéputé Jerôme Rivière s'est étonné que des médias «annoncent» la victoire de Joe Biden, «alors qu’il y a de multiples recours sérieux». «Les mêmes refusaient d’annoncer la victoire de [George] W. Bush en raison du recours de Al Gore en Floride [en 2000]. Jusqu’au bout le déshonneur des médias qui font campagne contre Trump», fait-il valoir.
Le président américain sortant, Donald Trump, a twitté ce 7 novembre, à peu près au même moment que l'annonce des médias sur la victoire de Joe Biden : «J’ai gagné cette élection, de beaucoup». Depuis plusieurs jours, le candidat républicain dénonce des fraudes qui auraient entaché le scrutin présidentiel et seraient liées au système de vote par correspondance. «Nous savons tous pourquoi Joe Biden se précipite pour se présenter faussement en vainqueur et pourquoi ses alliés dans les médias tentent avec autant d'efforts de l'aider : ils ne veulent pas que la vérité éclate», a écrit Donald Trump dans un communiqué. «Le constat simple est que cette élection est loin d'être terminée», a-t-il martelé.