International

Le lanceur d'alerte américain Edward Snowden fait une demande de nationalité russe

Edward Snowden a annoncé sur Twitter être en train de demander la nationalité russe avec sa femme. Le couple réside en Russie depuis 2013 et tous deux souhaitent également conserver leur nationalité américaine.

Edward Snowden souhaite devenir citoyen russe. Dans un tweet publié le 28 octobre 2020, l’ancien consultant du renseignement et lanceur d’alerte américain a fait savoir : «Après des années séparés de nos parents, ma femme et moi ne désirons pas être séparés de notre fils. C’est pourquoi, en cette période de pandémie et de frontières fermées, nous sommes en train de demander la double nationalité américano-russe.»

Il précise sur le réseau social vouloir élever son fils avec «toutes les valeurs de l’Amérique» que lui et sa femme apprécient, parmi lesquelles «la liberté d’exprimer ses opinions», et dit attendre le jour où il pourra «retourner aux Etats-Unis afin que toute la famille soit réunie». «Notre plus grand souhait est que, peu importe où notre fils vit, il se sente chez lui», ajoute-t-il.

L’ancien membre de l’agence nationale de sécurité américaine (NSA), dont il a dévoilé les pratiques d'espionnage, dispose d’un titre de résident permanent en Russie. Le 22 octobre, son avocat Anatoli Koutcherena annonçait à l’agence de presse Interfax : «Les service de migration de la Russie ont donné aujourd'hui à Snowden un titre de résident permanent».

L’avocat a précisé à l’AFP que la prolongation pour une durée indéfinie du permis de séjour d’Edward Snowden avait été rendue possible par des modifications de la loi russe sur l’immigration. Edward Snowden avait bénéficié jusqu’alors d’un droit d’asile d’un an puis d’un permis de résidence de trois ans.

Il s’était rendu en Russie en 2013 après avoir été dépossédé de son passeport américain sur demande des autorités américaines. Il était arrivé via Hong Kong, avec l’intention de se réfugier en Amérique latine.

Quoi qu’il en soit, le retour d’Edward Snowden aux Etats-Unis n’est pas d’actualité. En août 2020, un journaliste demandait à Donald Trump s’il envisagerait de gracier Edward Snowden, exposé à des poursuites dans son pays suite à ses révélations. «Je vais étudier le dossier. Je ne suis pas très au courant de la situation d’Edward Snowden mais je vais y jeter un œil très sérieusement», répondait le président américain, poursuivant : «Beaucoup de gens pensent qu'il devrait être traité différemment, d'autres pensent qu'il a très mal agi.» «J'ai vu des gens très conservateurs, d'autres très libéraux, qui sont d’accord entre eux de part et d'autre : je vais étudier attentivement le cas d’Ewdard Snowden», avait-il conclu.

Peur de la pandémie : vers une recrudescence de l'espionnage ? 

Malgré son exil et sa situation délicate vis-à-vis des autorités américaines, Edward Snowden continue d’alerter concernant les risques de surveillance de masse. Lors d'une interview par vidéoconférence pour le Festival du film documentaire de Copenhague le 23 mars, il avertissait quant à une possible augmentation de la surveillance due à la crise sanitaire. «Lorsque nous voyons des mesures d'urgence adoptées, en particulier aujourd'hui, elles ont tendance à s'installer», a-t-il estimé au cours de son interview. Et de poursuivre : «L'urgence a tendance à se pérenniser. Ensuite, les autorités [étatiques] se familiarisent avec ce nouveau pouvoir, commencent à l'apprécier».

La peur suscitée par la pandémie pourrait, selon Edward Snowden, pousser les gouvernements à se connecter aux smartphones et autres appareils connectés afin d’obtenir des données de santé. «Cinq ans plus tard, le coronavirus a disparu, ces données sont toujours disponibles pour [les services de sécurité et agences de renseignements qui] commencent à chercher de nouvelles choses.» Et de s’interroger : «Ils savent ce que vous regardez sur Internet, où votre téléphone se déplace, et maintenant ils sont au fait de votre rythme cardiaque. Que se passera-t-il lorsqu'ils commenceront à fusionner [ces données] et à leur appliquer une intelligence artificielle ?»

L'Italie, le Royaume-Uni et l'Allemagne «ont conclu des accords avec des opérateurs télécoms pour utiliser des données anonymes agrégées afin de créer des cartes thermiques virtuelles des mouvements des personnes», rapporte Business Insider, qui poursuit : «Israël a accordé à ses services d'espionnage le pouvoir de pirater les téléphones des citoyens sans mandat. La Corée du Sud a envoyé des alertes par SMS pour avertir les gens lorsqu'ils ont pu être en contact avec un patient atteint d'un coronavirus, en indiquant des détails personnels comme l'âge et le sexe.»