250 euros : c'est le montant de l'amende pour «interdiction de circuler» qui a été infligée à l'artiste belge Quentin Chaveriat mi-mai, alors que le plat pays amorçait son déconfinement par étapes. En cause ? Une performance dans une rue commerçante de Bruxelles où, au milieu des passants venus faire leur shopping, il était apparu masqué et arborant sur son torse le slogan «No culture no future»... avant l'intervention des forces de l'ordre. Aujourd'hui, le recours déposé contre son PV vient d'être rejeté. Mais Quentin Chaveriat n'entend pas en rester là, et envisage même de saisir la justice si aucune solution n'est trouvée. Il témoigne pour RT France.
Le shopping autorisé, pas la culture
Par sa performance, filmée et diffusée en direct sur les réseaux sociaux, l'artiste originaire de Libramont souhaitait attirer l'attention sur une problématique : l'abandon du secteur de la culture par les autorités belges, notamment dans le cadre des mesures de restriction anti-Covid.
Une prestation qui n'était pas du goût des autorités. Au bout d'une dizaine de minutes, les forces de l'ordre interviennent pour mettre un terme à la performance. Si l'artiste n'oppose pas de résistance, une amende de 250 euros lui est néanmoins infligée. Ses trois complices, qui respectaient pourtant eux aussi la distanciation sociale, écopent de la même sanction.
«On considère que nous n'étions pas sur la rue Neuve pour les raisons pour lesquelles nous devions y être, c'est-à-dire pour faire des achats, pour faire du shopping, pour se rendre dans les magasins. Nous étions sur la rue Neuve pour porter un message politique et ça, c'est motif à 250 euros d'amende par personne», déplore Quentin Chaveriat.
Que lui est-il reproché exactement ? «Le premier prétexte qu'on me donne c'est l'attentat à la pudeur, parce que j'étais torse nu», explique l'artiste, sidéré. Finalement, c'est le motif d'«interdiction de circuler» qui sera retenu contre lui, dans le cadre des restrictions décidées par les autorités contre l'épidémie de Covid-19.
Quentin Chaveriat y voit un «prétexte». «[Les policiers] sentaient que quelque chose ne devait pas se passer à ce moment-là, qu'ils devaient l'arrêter mais ils ne savaient pas pourquoi», raconte-t-il, évoquant surtout un message politique perçu selon lui comme «dangereux».
N'entendant pas payer sa contestation au prix fort, Quentin Chaveriat saisit alors son avocate pour introduire un recours contre l'amende, mais l'initiative échoue. «Aujourd'hui, notre contestation est rejetée. C'est 1 000 euros qu'on nous demande de payer pour avoir dit pacifiquement, silencieusement, que nous n'étions pas d'accord», s'indigne le comédien dans un message publié le 22 octobre sur Facebook et partagé des centaines de fois. «Aujourd'hui, dans mon cœur, je sais que la démocratie en Belgique est morte et enterrée», poursuit-il.
Des travaux d'intérêt général pour une performance ?
Déterminé à obtenir gain de cause, Quentin Chaveriat ne se satisfait pas des arrangements suggérés par les autorités. «La commune de Bruxelles pousse l'indécence jusqu'à proposer des travaux d'intérêt général [en lieu et place de l'amende]», s'offusque le Belge ce 1er novembre dans une interview accordée à RT France. «Les politiques ont été interpellés. Si aucune solution ne se dessine, nous irons au tribunal», expliquait-il sur sa page Facebook le 25 octobre.
Louis Marechal