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Macron «terroriste numéro 1»: Kadyrov et le grand mufti de Tchétchénie ciblent le président français

Si Emmanuel Macron a bénéficié de nombreux soutiens en Europe pour sa défense du droit à la caricature après la décapitation de Samuel Paty par un terroriste islamiste, certains ne décolèrent pas, tel le mufti de Tchétchénie ou encore Ramzan Kadyrov.

Salakh-Khadji Mejiev, grand mufti de la République de Tchétchénie et par ailleurs conseiller du président tchétchène Ramzan Kadyrov, a rejoint le concert de protestations qui s'élève ces derniers jours contre le dirigeant français, après que ce dernier a soutenu le droit à la caricature de Mahomet.

«Macron, tu es le terroriste numéro 1 au monde», a ainsi lancé le responsable religieux, selon des propos rapportés le 26 octobre par la Direction spirituelle des musulmans de la République tchétchène, principale autorité religieuse du pays. 

Salakh-Khadji Mejiev a en outre qualifié le président français de «créature la plus misérable», estimant qu'il était «l'ennemi d'Allah le tout-puissant, l'ennemi de l'humanité, l'ennemi de tous les musulmans qui n'a ni principes ni valeurs morales».

Le mufti tchétchène a encore estimé qu'Emmanuel Macron avait lancé «une attaque bien planifiée contre l’islam et toute la communauté musulmane, qui pourrait susciter de nouvelles victimes humaines». Et de poursuivre à l'attention du dirigeant français : «Vous incitez délibérément les musulmans à commettre des actions provocatrices, ayant fait d’un professeur fou un "héros national".»

Pour Kadyrov, Macron «commence à ressembler à un terroriste»

Le président de la République de Tchétchénie Ramzan Kadyrov s'est lui aussi exprimé sur le sujet, dans un message publié sur sa chaîne Telegram ce 27 octobre. Evoquant le soutien du président français à la publication des caricatures du prophète de l'islam, le dirigeant a affirmé : «Je ne sais pas dans quel état se trouvait Macron lorsqu'il a fait cette déclaration, mais les conséquences d'une telle réaction pourraient être très tragiques. Le président français commence à ressembler à un terroriste. Soutenant les provocations, il appelle de manière cachée les musulmans à commettre des crimes.»

Ramzan Kadyrov, jugeant que «les moqueries et les parodies visant la foi ont été à l’origine du destin tragique d’un enseignant dans la banlieue parisienne», a encore affirmé, à l'adresse du président français : «Arrête, Macron, avant qu'il ne soit trop tard, les provocations et les attaques contre la foi.»

Des propos qui n'ont guère plu au Kremlin, dont le porte-parole Dmitri Peskov a souligné ce 28 octobre en conférence de presse : «Les dirigeants des sujets de la Fédération de Russie ne peuvent pas déterminer la politique extérieure. Ce n’est pas à eux d’élaborer la politique extérieure ni de prendre des décisions à cet égard. L’orientation politique formulée par le président russe est la seule à être prise en compte.»

Macron soutenu en Europe

Emmanuel Macron avait défendu le droit à la caricature lors d'une cérémonie d'hommage à Samuel Paty, enseignant français décapité par un terroriste islamiste d'origine tchétchène pour avoir montré un dessin satirique de Mahomet, représenté nu, à ses élèves dans le cadre d'un cours sur la liberté d'expression.

Les propos du chef de l'Etat, soutenus par la quasi-totalité de la classe politique en France, ont néanmoins suscité des vagues de protestation par le monde, notamment dans des pays musulmans. Des manifestations anti-françaises ont ainsi eu lieu, comme dernièrement au Bangladesh, en Turquie, en Irak ou dans les territoires palestiniens. Des dirigeants, comme le président turc Recep Tayyip Erdogan, s'en sont pris à Emmanuel Macron. Certains responsables ont en outre appelé à un boycott des marques françaises.

Le président français a néanmoins reçu un soutien considérable en Europe pour ses propos. «Nous sommes aux côtés de la France suite à l’attentat terroriste qui a coûté la vie à Samuel Paty», a par exemple tweeté la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, alors que le Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borell, a dénoncé les propos «inacceptables» de Recep Tayyip Erdogan, appelant la Turquie à «cesser cette spirale dangereuse de confrontation».