L'ex-candidate à la présidentielle biélorusse Svetlana Tikhanovskaïa, exilée dans l'UE, a appelé, ce lundi 26 octobre, à une grève nationale.
«Dès ce matin, des employés d'entreprises et d'usines publiques, du secteur des transports, des mineurs, des professeurs et des étudiants ont commencé à faire grève», a-t-elle affirmé sur la messagerie Telegram. La grève nationale conduit enfin la confrontation de l'opposition avec le pouvoir à un point critique après plu de deux mois de protestations. «La grève dans les entreprises publiques est un levier de pression économique. Et celle dans le secteur privé est un signe de solidarité de chacun, c'est tout aussi important», a ajouté l'opposante.
Le 26 octobre de nombreux médias ont rapporté que plusieurs grandes entreprises à travers le pays avaient cessé de travailler. Pourtant plus tard dans la journée cette information a été démentie par le gouvernement, qui a affirmé que les entreprises clés «fonctionnent normalement» et que «la production n’a pas été arrêtée».
Svetlana Tikhanovskaïa dans une interview diffusée sur Youtube, a estimé que ce n'était «que le début» et affirmé que «plus de sept millions de dollars» de dons avaient été collectés pour aider les grévistes.
Au lendemain d'une nouvelle manifestation dominicale - massive - près de 2 500 protestataires, en majorité des étudiants et des retraités, ont remonté dans l'après-midi l'une des principales artères de la capitale, scandant des slogans contre Alexandre Loukachenko et portant des drapeaux rouges et blancs, les couleurs de l'opposition.
Des vidéos partagées par l'opposition ont également montré des rassemblements dispersés par la police. Selon l'ONG Viasna, plus de 180 personnes ont été arrêtées lundi, surtout à Minsk. Le média indépendant Tut.by a de son côté diffusé des images d'ouvriers menant des actions de solidarité dans au moins cinq firmes publiques, notamment dans l'usine chimique Grodnoazot, dans l'ouest de la Biélorussie.
«C'est difficile de savoir jusqu'où les gens iront à cause de la grande pression des autorités», a expliqué à l'AFP Alexandre Iarochouk, le chef de la Confédération biélorusse des syndicats démocratiques, précisant ne pas avoir appelé à faire grève.
«Une partie de nos employés ont rejoint la grève», a témoigné Natalia Bezroukova, 54 ans, une gréviste dans une firme publique de BTP interrogée par l'AFP dans le centre de Minsk.
L'opposition biélorusse exige le départ d'Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, après l'élection présidentielle jugée frauduleuse du 9 août. Le mouvement de contestation subit depuis une pression constante des autorités. Dimanche 25 octobre, une nouvelle manifestation a réuni plus de 100 000 personnes dans la capitale. Des grenades assourdissantes ont été utilisées par la police pour disperser la foule. Au total, 523 personnes ont été arrêtées ce jour-là en marge de protestations à travers le pays, selon le ministère de l'Intérieur.