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L'agence Frontex pointée du doigt pour des refoulements de migrants en mer Egée

Une enquête menée par plusieurs médias dénonce les pratiques jugées illégales des gardes-frontières grecs qui refouleraient des migrants traversant la mer Egée. Ces pratiques impliqueraient aussi l’agence européenne de surveillance des frontières.

Frontex, l'agence européenne de surveillance des frontières, serait impliquée dans plusieurs incidents de refoulement de bateaux de migrants traversant la mer Egée entre la Turquie et la Grèce, affirme une enquête conduite par plusieurs médias, dont le magazine allemand Spiegel

L'investigation «montre pour la première fois que les responsables de Frontex sont conscients des pratiques illégales des gardes-frontières grecs et sont en partie impliqués dans les refoulements eux-mêmes», écrit le Spiegel dans un article publié ce 24 octobre 2020.

Les journalistes assurent avoir documenté six cas survenus depuis avril en mer Egée, dans lesquels des équipes de Frontex auraient au minimum assisté sans réagir à des refoulements vers la Turquie de bateaux de migrants se trouvant dans les eaux grecques, une pratique jugée illégale. Une vidéo publiée en juin montre un navire de Frontex bloquant un bateau de potentiels candidats au statut de demandeurs d'asile. Dans une autre scène enregistrée, le navire passe à grande vitesse devant le bateau de migrants avant de quitter les lieux.

Outre le Spiegel, les recherches ont été menées par un magazine de la chaîne allemande ARD, le collectif de journalistes Lighthouse Reports, la plateforme d'investigations Bellingcat et la chaîne de télévision japonaise TV Asahi. Les auteurs expliquent avoir comparé des «dizaines» de vidéos, images satellites et récits de témoins oculaires. 

Athènes a ouvert une «enquête interne», selon Frontex

L'agence européenne de surveillance des frontières a engagé plus de 600 agents en Grèce – une des portes d'entrée principales de l'Union européenne – et financé la location ou l'achat de bateaux, de drones et d'avions, selon l'article. Frontex n'a pas commenté les cas soulevés par l'équipe d'investigation, mais a déclaré que ses agents étaient liés par un code de conduite en matière de droits de l'homme et respectaient l'interdiction des refoulements. 

Sans mentionner l'article, Frontex a indiqué le 23 octobre au soir sur son compte Twitter avoir été «en contact avec les autorités grecques à propos d'incidents en mer ces derniers mois», et qu'Athènes avait ouvert une «enquête interne». Frontex agit «dans le respect des droits fondamentaux et de la loi internationale», souligne l'agence sur Twitter.

Le gouvernement conservateur grec a toujours rejeté les allégations de refoulements illégaux à ses frontières que formulent des ONG.