Frontex, l'agence chargée des frontières extérieures de l'UE est sous le feu des critiques, accusée par plusieurs médias européens – le Guardian britannique, la chaîne allemande ARD et le site d'investigation Correctiv – de cautionner des maltraitances commises sur des migrants par des garde-frontières bulgares, hongrois et grecs, et d'avoir elle-même violé les droits de l'homme.
S’appuyant sur «des centaines de documents internes de Frontex», l'enquête menée par ces médias montre entre autre que le personnel de l'agence a laissé les garde-frontières traquer les demandeurs d'asile avec des chiens, recourir à des sprays au poivre ou encore les a refoulés sans ménagement. Autant de maltraitances qui ont régulièrement été «classées sans suite» par Frontex, selon ces médias.
Ils rapportent en outre que des agents sont directement impliqués dans l'expulsion de mineurs non accompagnés ou de demandeurs d'asile placés sous sédatifs durant leur expulsion, s'appuyant là encore sur un document interne de Frontex.
«Pas autorité sur le comportement des polices aux frontières»
De son côté, l'agence européenne basée à Varsovie, qui a connu un rôle accru depuis la crise migratoire démarrée en 2015, rejette catégoriquement «toute implication» de ses agents dans une «violation des droits fondamentaux». Citée par l'AFP, l'agence explique qu'elle effectue «une mission de soutien auprès des agents des pays concernés» et qu'elle n'a «pas de droit de regard ou d'enquête» sur les agissements des autorités locales. A ce jour, aucune plainte n'a jamais été déposée contre un de ses membres, souligne-t-elle.
«Il convient toutefois de noter que si l’agence peut suspendre un agent déployé par Frontex dans le cadre de ses opérations, elle n’a pas autorité sur le comportement des polices aux frontières locales ni le pouvoir de mener des enquêtes sur le territoire de l’UE», a encore précisé Frontex dans un communiqué.
Frontex compte 600 agents déployés en Grèce, 93 en Bulgarie et 13 en Hongrie, qui aident les forces locales dans le contrôle des frontières, la lutte contre les faux documents ou encore l'identification des voitures volées. Sur le terrain, ces agents travaillent «en équipe» avec les garde-frontières locaux et peuvent interroger les migrants, mais aussi les «arrêter et les ramener dans des centres», précise une responsable.
Ces agents, environ 2 000 au total, ont l'obligation de rapporter toute violation des droits des migrants : c'est sur la base de ces rapports «compilés et portés à la connaissance des pays concernés» sur des faits commis par leurs fonctionnaires que les médias prêtent à Frontex une connivence sur des actes de maltraitance.