Un texte de loi concernant la sécurité et l'immigration, sur lequel le gouvernement italien avait posé la question de confiance, a été voté le soir du 5 août par le Sénat, avec 160 voix pour, 57 voix contre et l'abstention de partis d'opposition de droite et de droite radicale (21 voix). «Le décret sécurité octroie plus de pouvoirs aux forces de l'ordre, plus de contrôles aux frontières, plus d'hommes pour arrêter les mafieux», s'est félicité sur Facebook le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, qui avait réclamé ce texte.
Celui-ci accorde au ministre des pouvoirs élargis pour interdire les eaux territoriales aux navires ayant secouru des migrants et confisquer les bateaux des ONG. Les commandants de navires entrant dans les eaux italiennes sans autorisation, seront en outre passibles d'une amende pouvant aller jusqu'à 1 million d'euros, contre 50 000 euros auparavant.
Après l'affront de Carola Rackete, la capitaine du Sea-Watch 3 qui avait accosté de force sur l'île italienne de Lampedusa pour débarquer des migrants recueillis en mer, le texte donne la possibilité d'intercepter préventivement un navire, et d'infliger jusqu'à 10 ans de prison pour toute résistance. En juin, une juge avait invalidé l'arrestation de Carola Rackete, arguant que le décret signé par Matteo Salvini pour interdire les eaux italiennes au Sea-Watch 3 en vertu d'un précédent texte sécuritaire n'était «pas applicable aux opérations de sauvetage».
Le nouveau texte accroît aussi les possibilités d'écoutes et de recours pour des agents sous couverture, pour lutter contre toute forme de complicité à l'immigration clandestine.
Alors que les élus du Mouvement 5 étoiles (M5S), alliés à la Lega de Matteo Salvini, rechignaient à céder aux pressions de ce dernier pour faire passer le texte, le dissident M5S Gregorio De Falco, ancien officier des garde-côtes, avait appelé ses collègues à faire preuve de «courage», parlant de «règle criminogène et mortifère» qui allait «faire mourir les gens en mer».
Mesures anti-hooligans et contre les violences en manifestation
Le texte présente aussi une série de mesures sur le quotidien des policiers ou contre les violences autour des stades et des manifestations. Désormais, le seul fait de porter un casque ou une capuche lors d'une manifestation sera passible de deux à trois ans de prison et l'utilisation de battes de baseball, bâtons, ou feux d'artifice contre les forces de l'ordre pourra valoir quatre ans de prison.
L'ONG Amnesty international a fustigé des mesures qui «n'améliorent pas la sécurité de personne» et s'est indignée d'un article instaurant un fonds pour les pays acceptant de reprendre des migrants, qui «risque de financer des dictatures, faisant grimper au final le nombre de personnes en fuite».
Le texte doit encore être ratifié par le président de la République italienne (indépendant), Sergio Mattarella.