Après des semaines de tractations en coulisses – qui se sont accélérées le 21 octobre avec la visite d'une délégation israélienne à Khartoum –, Israël et le Soudan ont accepté de normaliser leurs relations diplomatiques, a annoncé le 23 octobre le président américain Donald Trump, revendiquant une «énorme victoire pour la paix dans le monde».
Le chef d'Etat américain a aussi affirmé qu'«au moins cinq» autres pays arabes voulaient normaliser leurs relations avec l'Etat hébreu, et a dit s'attendre à ce que l'Arabie saoudite figure parmi eux.
«Quel formidable revirement ! Aujourd'hui Khartoum dit oui à la paix avec Israël, oui à la reconnaissance d'Israël et à la normalisation avec Israël», a réagi le Premier ministre israélien dans une déclaration en hébreu transmise à l'AFP par ses services.
«Des délégations du Soudan et d'Israël se réuniront bientôt pour discuter de la coopération dans de nombreux domaines, notamment l'agriculture, le commerce et d'autres domaines importants», a ajouté Benjamin Netanyahou, qui a remercié les dirigeants soudanais et le président Donald Trump pour ce nouvel accord de normalisation.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a salué l'accord. «Je salue les efforts conjoints des Etats-Unis, du Soudan et d'Israël concernant la normalisation des relations entre le Soudan et Israël. J'apprécie tous les efforts visant à parvenir à la stabilité et à la paix dans la région», a ainsi twitté Abdel Fattah al-Sissi. L'Egypte a normalisé ses relations avec l'Etat hébreu en 1979.
«Une annonce douloureuse» pour les Palestiniens
Cette normalisation des relations est «un péché politique qui nuit au peuple palestinien et à leur juste cause, nuit aussi à l'intérêt national du Soudan [...] et ne bénéficie qu'à Netanyahou», a réagi le 23 octobre au soir Hazem Qassem, le porte-parole officiel du Hamas, mouvement au pouvoir dans la bande de Gaza.
«C'est une annonce douloureuse qui va à l'encontre de l'histoire du Soudan, pays qui soutient la cause palestinienne», a également commenté auprès de l'AFP Sami Abou Zuhri, un cadre du Hamas, alors que dans une déclaration officielle, le mouvement islamiste a aussi appelé les Soudanais à «rejeter [un] accord honteux».
L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qui siège en Cisjordanie occupée, a également «condamné» l'accord, estimant que les pays arabes, incluant le Soudan, ne pouvaient «parler au nom du peuple palestinien». Selon lui, une solution au conflit israélo-palestinien devait être un préalable à la normalisation entre Israël et le monde arabe, et non l'inverse.
Le Soudan, naguère paria de la communauté internationale pour avoir accueilli l'ex-chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden dans les années 1990, avait été condamné par le passé à verser des indemnisations par la justice américaine. Le Soudan devient le troisième pays arabe à annoncer depuis août la normalisation de ses relations avec Israël, après les Emirats arabes unis et Bahreïn.