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Normalisation Israël-Soudan : Netanyahou se réjouit, l'Egypte salue, les Palestiniens irrités

La normalisation des relations entre Israël et le Soudan est un «formidable revirement», s'est félicité le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, tandis que les Palestiniens dénoncent un nouveau «péché politique».

Après des semaines de tractations en coulisses – qui se sont accélérées le 21 octobre avec la visite d'une délégation israélienne à Khartoum –, Israël et le Soudan ont accepté de normaliser leurs relations diplomatiques, a annoncé le 23 octobre le président américain Donald Trump, revendiquant une «énorme victoire pour la paix dans le monde».

Le chef d'Etat américain a aussi affirmé qu'«au moins cinq» autres pays arabes voulaient normaliser leurs relations avec l'Etat hébreu, et a dit s'attendre à ce que l'Arabie saoudite figure parmi eux.

«Quel formidable revirement ! Aujourd'hui Khartoum dit oui à la paix avec Israël, oui à la reconnaissance d'Israël et à la normalisation avec Israël», a réagi le Premier ministre israélien dans une déclaration en hébreu transmise à l'AFP par ses services.

«Des délégations du Soudan et d'Israël se réuniront bientôt pour discuter de la coopération dans de nombreux domaines, notamment l'agriculture, le commerce et d'autres domaines importants», a ajouté Benjamin Netanyahou, qui a remercié les dirigeants soudanais et le président Donald Trump pour ce nouvel accord de normalisation.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a salué l'accord. «Je salue les efforts conjoints des Etats-Unis, du Soudan et d'Israël concernant la normalisation des relations entre le Soudan et Israël. J'apprécie tous les efforts visant à parvenir à la stabilité et à la paix dans la région», a ainsi twitté Abdel Fattah al-Sissi. L'Egypte a normalisé ses relations avec l'Etat hébreu en 1979.

«Une annonce douloureuse» pour les Palestiniens

Cette normalisation des relations est «un péché politique qui nuit au peuple palestinien et à leur juste cause, nuit aussi à l'intérêt national du Soudan [...] et ne bénéficie qu'à Netanyahou», a réagi le 23 octobre au soir Hazem Qassem, le porte-parole officiel du Hamas, mouvement au pouvoir dans la bande de Gaza.

«C'est une annonce douloureuse qui va à l'encontre de l'histoire du Soudan, pays qui soutient la cause palestinienne», a également commenté auprès de l'AFP Sami Abou Zuhri, un cadre du Hamas, alors que dans une déclaration officielle, le mouvement islamiste a aussi appelé les Soudanais à «rejeter [un] accord honteux». 

L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qui siège en Cisjordanie occupée, a également «condamné» l'accord, estimant que les pays arabes, incluant le Soudan, ne pouvaient «parler au nom du peuple palestinien». Selon lui, une solution au conflit israélo-palestinien devait être un préalable à la normalisation entre Israël et le monde arabe, et non l'inverse.

Le Soudan, naguère paria de la communauté internationale pour avoir accueilli l'ex-chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden dans les années 1990, avait été condamné par le passé à verser des indemnisations par la justice américaine. Le Soudan devient le troisième pays arabe à annoncer depuis août la normalisation de ses relations avec Israël, après les Emirats arabes unis et Bahreïn.