Pour le cinquième jour consécutif, et malgré les appels appuyés de Moscou comme des Occidentaux, le cessez-le-feu négocié en Russie censé être en vigueur depuis samedi 10 octobre ne s'est pas concrétisé.
Pour la première fois, l'armée azerbaïdjanaise a même annoncé ce mercredi 14 octobre avoir bombardé des «systèmes de lancement de missiles» déployés dans la nuit sur le territoire arménien et qui, selon Bakou, servaient à viser l'Azerbaïdjan.
La porte-parole du ministère arménien de la Défense, Chouchan Stepanian, a confirmé les frappes sur son sol mais démenti toute volonté de viser des zones civiles en Azerbaïdjan. «[Cette] allégation est dénuée de tout fondement», a-t-elle déclaré, ajoutant qu'en revanche l'armée arménienne «se réserv[ait] maintenant le droit de cibler toute installation militaire et tout mouvement de combat sur le territoire de l'Azerbaïdjan».
Le Haut-Karabagh, territoire majoritairement peuplé d'Arméniens situé en Azerbaïdjan, a proclamé son indépendance peu avant la chute de l'URSS, entraînant une guerre ayant fait 30 000 morts et des centaines de milliers de réfugiés des deux camps dans les années 1990.
Bakou accuse depuis l'Arménie d'occuper son territoire et les heurts armés y sont réguliers. Mais les hostilités en cours sont les plus graves depuis 1994. Après près de trente ans d'impasse diplomatique, le président azerbaïdjanais Ilham Alïev a juré de reprendre le contrôle de ce territoire par la force si nécessaire.
Les belligérants se rejettent la responsabilité de ces nouvelles hostilités qui ont fait plus de 600 morts, selon des bilans partiels cités par l'AFP qui pourraient en réalité être bien plus lourds, l'Azerbaïdjan ne communiquant pas les décès parmi ses troupes.
Un déluge de feu
Proche de la ligne de front, le petit village de Bakharly, en territoire azerbaïdjanais, était soumis mercredi 14 octobre à un déluge de feu permanent, selon un correspondant de l'AFP. Sur les 800 familles qui y vivent, pour la plupart des réfugiés ayant fui le Haut-Karabagh après la guerre des années 1990, seuls une centaine d'hommes sont restés.
Du côté de la République autoproclamée du Haut-Karabagh, la capitale Stepanakert était pour sa part calme ce 14 octobre. Jusqu'au cessez-le-feu, cette ville de quelque 55 000 habitants était soumise à des bombardements permanents et à la menace de drones qui ont fait fuir la majorité des habitants.
Le président de la République autoproclamée, Araïk Haroutiounian, a reconnu que ses troupes avaient été contraintes de reculer par endroits. «Dans certains points, l'ennemi a réussi à pénétrer la ligne de front et à pousser en profondeur», a-t-il déclaré dans une vidéo, assurant toutefois que ses soldats «vont vaincre».
Moscou prêt à déployer des «observateurs militaires» le long de la ligne de front
La Turquie a estimé mardi qu'il était temps de «trouver un nouveau mécanisme» pour résoudre la question du Haut-Karabagh. De tels pourparlers acteraient l'impuissance du Groupe de Minsk, médiateur historique du conflit, co-présidé par la Russie, la France et les Etats-Unis.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a annoncé dans une interview à la presse que Moscou était prêt à déployer des «observateurs militaires» le long de la ligne de front pour aider à garantir la trêve.
Outre une potentielle crise humanitaire, la crainte de la communauté internationale est de voir ce conflit s'internationaliser, la Turquie étant accusée d'avoir envoyé des combattants pro-turcs de Syrie se battre aux côtés des Azerbaïdjanais, ce que Bakou et Ankara démentent.