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Pollution au Kamtchatka : les causes du mystérieux incident restent indéterminées

Depuis quelques jours, la situation dans l'Extrême-Orient russe est préoccupante. Si Greenpeace crie à la catastrophe écologique, les autorités se veulent rassurantes, sans pour autant expliquer la cause de la mort massive d'animaux marins.

La région russe la plus lointaine et difficile d'accès, le Kamtchatka, s'ouvre ces dernières années de plus en plus aux touristes venus admirer sa nature sauvage, ses volcans, ses plages de sable noir, ses baleines et ses ours. Mais ces derniers jours, de nombreux témoignages font état du rejet massif sur les côtes de cadavres d'animaux marins. La situation, inédite, ne trouve pour le moment aucune explication satisfaisante. 

Des analyses effectuées sur place ont établi que la teneur en résidus pétroliers de l'eau était 3,6 fois supérieure à la normale, et que celle en phénol l’était de 2,5 fois, personne n'étant toutefois en mesure de déterminer les causes précises de la pollution. A cette occasion, Greenpeace affirme avoir contacté les autorités pour «demander une enquête immédiate sur les causes de la pollution, une évaluation de l'ampleur et l'élimination urgente des conséquences», alors que les autorités locales n'ont déclaré aucun accident industriel ou événement inhabituel récemment.

L'une des hypothèses concernant les causes de l'incident, qui se multiplient sur les réseaux sociaux, lie la pollution de la zone de la plage de Khalaktyr et de la baie d'Avacha aux nombreuses installations militaires présentes au Kamtchatka.

Ainsi, après avoir analysé des images satellitaires, plusieurs médias ont affirmé que la source de la pollution semblait être la rivière Nalitcheva, soulignant la proximité de ce cours d'eau avec une décharge de produits chimiques, certains pointant du doigt la décharge de Kozelsk. De son côté, le gouverneur du territoire du Kamtchatka Vladimir Solodov, cité par l'agence Tass, a annoncé ce 6 octobre que lors de l'inspection du polygone situé près du lieu de l'incident, les spécialistes n'avaient rien relevé d'anormal. Il a également affirmé que les résultats des analyses de l'eau prélevée ne montraient pas de concentrations dangereuses de substances nocives. Cette même information a été confirmée hier par le ministre russe de l'Ecologie Dmitri Kobylkine, cité par l'AFP, qui a pour sa part assuré qu'aucun niveau excessif de produits pétroliers ou chimiques n'avait été détecté dans les échantillons analysés. 

D'ailleurs, le ministre a évoqué la possibilité d'un phénomène «d'origine naturelle». «Après les tempêtes, il y a une augmentation de la toxicité des micro-organismes dans cette zone qui provoque des changements de [la teneur en] oxygène» provoquant ce genre de phénomènes, très fréquents selon lui dans les îles japonaises de la région. Cette explication a été reprise aujourd'hui par le gouverneur Solodov. «Les scientifiques disent que c'est une cause très probable de la pollution. Cela pourrait entraîner à la fois la mort d'animaux et des dommages aux humains. De plus, se référant à une expérience antérieure, les scientifiques disent que dans les années 80 [au Kamtchatka, ndlr] il y avait des cas de mort massive d'animaux marins précisément à cause des algues», a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse. 

Si les autorités n'excluent pas un phénomène «naturel», certains experts, cités notamment par le journal Novaïa Gazeta et l'agence de presse RIA Novosti, ont avancé l'hypothèse d'une fuite de carburant de fusée extrêmement toxique, l'heptyle, qui pourrait venir d'une des installations militaires de la région. 

Le «désastre environnemental» dans l'Extrême-Orient russe, qui aura des «conséquences à long terme» selon des scientifiques ayant analysé les eaux et les plages de la péninsule du Kamtchatka, a attiré l'attention au plus haut niveau d'Etat. Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, a exhorté, ce 6 octobre, à analyser soigneusement la situation écologique au Kamtchatka et ses causes, afin d'en informer le public, tandis que le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a souligné hier que les départements régionaux et fédéraux étaient chargés de la résolution de cette urgence environnementale, la situation différant donc de celle de Norilsk lors du déversement de carburant en mai dernier.