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Coup de balai en vue sur l'ultra-droite dans la police allemande

Le ministère de l'Intérieur allemand s'est vu pressé d'endiguer le phénomène de l'adhésion d'une minorité de ses policiers aux thèses de l'ultra-droite. Horst Seehofer déclare : «Chaque cas avéré est une honte pour l'ensemble des forces de sécurité».

Inventaire avant le grand ménage ? Le gouvernement allemand a dévoilé ce 6 octobre un état des lieux inédit de la présence de l'ultra-droite dans les forces de sécurité, un motif de «honte» mais pas un «problème structurel».

Les scandales se sont multipliés ces derniers mois, avec la mise au jour de plusieurs groupes de policiers échangeant des propos racistes. Dans l'armée, un commando d'élite noyauté par des néo-nazis a également été en partie dissous cet été. 

«Chaque cas avéré est une honte pour l'ensemble des forces de sécurité», a déclaré le ministre de l'Intérieur, le bavarois Horst Seehofer, lors d'une conférence de presse.

Les services de renseignement dénombrent, selon les chiffres dévoilés, quelque 377 cas d'extrémistes dans les forces de sécurité, dont 319 dans la police, soit une petite minorité au sein de ses 300 000 membres au total. Ces données portent sur la période allant de janvier 2017 à mars 2020.

Cependant, il n'y a «aucun réseau d'extrême droite au sein de la police fédérale», a de son côté souligné son dirigeant, Dieter Romann.

Ces chiffres ont conforté le ministre, accusé en Allemagne de ne pas vouloir faire complètement la lumière sur ces dérives, dans sa conviction que les idées extrémistes ne sont pas un «problème structurel» au sein de la police allemande.

S'il a présenté ce rapport des services de renseignement, Horst Seehofer rechigne toujours à mener des investigations plus poussées, pour éviter de jeter l'opprobre sur l'ensemble de la profession. Des Länder ont cependant annoncé qu'ils pourraient diligenter leurs propres investigations.

En Rhénanie-du-Nord-Westphalie, la région la plus peuplée d'Allemagne, une trentaine de policiers, suspendus depuis, échangeaient sur la messagerie Whatsapp des photos d'Adolf Hitler et de croix gammées, ainsi que des drapeaux du IIIe Reich et un montage montrant un réfugié dans une chambre à gaz d'un camp de concentration. Un groupe similaire a été démantelé fin septembre à Berlin.

Par ailleurs au mois de juillet, les enquêteurs ont annoncé l'interpellation d'un ancien policier et de son épouse soupçonnés d'avoir envoyé des mails de menaces à des responsables politiques et des personnalités publiques dans toute l'Allemagne.

Leurs messages étaient signés "NSU 2.0", une référence au groupuscule néo-nazi allemand dont les membres ont commis une dizaine d'assassinats racistes pendant la décennie 2000. L'été a aussi été marqué par la démission d'un responsable régional de la police allemande en raison de liens supposés entre ses services et l'ultra-droite.

L'affaire faisait suite à la découverte de l'utilisation d'un ordinateur de la police du Land de la Hesse, où se trouve Francfort, pour trouver des données privées sur les personnes ayant fait l'objet de menaces de mort et d'insultes de la part de l'ultra-droite par courrier ou emails.

L'armée est elle aussi concernée. Le KSK, un commando d'élite, a ainsi été en partie dissous avant l'été. Une vingtaine de ses membres étaient soupçonnés d'appartenir à la mouvance néo-nazie, une proportion cinq fois plus élevée que dans l'ensemble de la Bundeswehr, selon le service de contre-espionnage allemand.