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La BAC de Lorient a-t-elle utilisé un sous-marin allemand du IIIe Reich pour son logo ?

Un projet d'écusson de la BAC de Lorient a provoqué une polémique, un submersible U-Boot utilisé par l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale apparaissant dessus. La hiérarchie policière plaide la maladresse.

Voici une polémique dont les policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) de la ville de Lorient (Morbihan) se seraient bien passés. Sur les réseaux sociaux, le rédacteur en chef du mensuel d’opinion Le Peuple Breton a posté, le 6 août, une image de ce qui serait selon lui un «emblème» de l’unité. On peut y lire les termes «police nationale», «brigade anti-criminalité» et «B.A.C Lorient». Au centre de l’écusson trône un sous-marin floqué du numéro 56 correspondant au département breton.

Jusque là rien qui prête à controverse, mais à y regarder de plus près, le modèle de l’engin a surpris le journaliste. «Je découvre via un ami l'existence de cet emblème de la Brigade Anti-Criminelle (BAC) de Lorient. Symboliquement, un U-Boot (sous-marin de l'armée allemande durant la Seconde Guerre Mondiale), c'est un peu spécial quand même, non?», a-t-il expliqué en légende de l’image.

Un hommage à Lorient

Si personne ne conteste le lien de la ville de Lorient avec la marine, et donc la légitimité à user de l’image d’un sous-marin, la mise en scène d’un bâtiment ayant servi à l’Allemagne nazie, y compris pour contrôler l’Hexagone dont elle occupait la façade Atlantique pendant une partie de la Seconde Guerre mondiale, a de quoi surprendre. François Le Texier, secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police FO, affirme, auprès de nos confrères du Parisien, que ce logo est «une allusion à l'histoire de Lorient, "la ville aux cinq ports"» et que «les policiers de la BAC portent leur ville dans leur cœur». D’après le syndicaliste, le submersible serait une représentation du Flore S645, entreposé dans la ville et devenu depuis un musée.

Une affirmation que contestent, toujours auprès du quotidien régional, plusieurs experts et anciens sous-mariniers. «Ce dessin n'a rien à voir avec le Flore», s’agace Michel Scarpellini, ancien officier de la Marine nationale ayant participé à la restauration de l’engin. Il penche plutôt pour un modèle allemand U-Boot de type VII dont l’allure est d’après lui est «caractéristique des sous-marins de cette époque».

Même son de cloche chez Marc Castel, un passionné de U-Boot. «Chaque pays a son type de construction, chaque sous-marin est identifiable à la forme de sa coque […] Il s'agit bien d'un dessin pris sur un modèle de sous-marin allemand», soutient-il dans les colonnes du quotidien. Il penche néanmoins pour un modèle de type IV.

«Il s'agit d'un type VII-C, reconnaissable à ses trous de superstructure», arbitre l'Amiral Jehan Marion, co-auteur de L’encyclopédie des sous-marins français. En comparant le submersible du logo et un U-Boot de type VII-C, par exemple celui entreposé au mémorial de la Marine allemande de Laboe, la ressemblance est frappante.

Ouverture d’une enquête administrative

Pour François Le Texier, il n'y a pas de mauvaise intention derrière ce choix d'un sous-marin utilisé par l'armée nazie, arguant que les fonctionnaires à l'origine de ce logo avaient «juste pris une image de sous-marin». A la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP), dont dépend la BAC de Lorient, on évoque plus une maladresse qu’un hommage au IIIe Reich. Interrogé par le Parisien, le commissaire divisionnaire Alain Beauce explique vouloir «faire la lumière là-dessus en interne» pour «avoir des explications.»

«La mise en service d’un écusson est très réglementée […] Les projets doivent être soumis à l’administration qui les valide ou non», rappelle de son côté le commissaire central Laurent Simon auprès de Ouest-France. Il affirme que dans ce cas, aucune démarche de ce type n’avait été entreprise ajoutant qu’une «enquête administrative» avait été ouverte.

Il y a donc très peu de chance que ce sous-marin allemand U-Boot de type VII-C apparaisse à terme sur le logo de la BAC de Lorient dont les membres, rappelons-le, sont amenés à intervenir le plus souvent en tenue civile.

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