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Russie : enquête préliminaire après la mort d'une journaliste, qui s'est immolée par le feu

La journaliste Irina Slavina a succombé à ses brûlures après s'être immolée par le feu à Nijni-Novgorod, au lendemain d'une perquisition à son domicile. Avant de passer à l'acte, elle a demandé de «rendre la Fédération de Russie responsable».

Irina Slavina, fondatrice et rédactrice en chef du site d'information russe Koza.Press est décédée le 2 octobre à l'âge de 47 ans, après s'être immolée par le feu devant le quartier général de la police de la ville de Nijni-Novgorod. Selon l'agence Reuters, la Commission d'investigation russe a annoncé l'ouverture une enquête préliminaire.

Radio Sputnik indique qu'un passant aurait tenté d'aider la journaliste après son passage à l'acte, mais qu'elle l'aurait repoussé.  

Selon l'AFP, les enquêteurs de la police de la ville ont confirmé son décès, expliquant dans un communiqué que son corps avait été découvert «avec des signes de brûlures thermiques».

Une perquisition la veille de l'acte

Ainsi que le rapporte l'AFP, la journaliste avait écrit le 1er octobre sur les réseaux sociaux que la police et les forces de l'ordre fédérales avaient fait irruption dans son appartement aux premières heures de la matinée. Ces membres des forces de l'ordre auraient recherché des indices sur des liens avec «Russie ouverte», un mouvement d'opposition fondé par l'ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovsky. La presse russe a fait référence à des perquisitions effectuées dans le cadre d'une enquête visant «Russie ouverte».

Selon la journaliste, les membres des forces de l'ordre auraient confisqué des ordinateurs et de téléphones, qui appartenaient à elle et son mari. «Ils cherchaient des brochures, des prospectus et probablement une icône de Mikhaïl Khodorkovski», avait-elle écrit sur les réseaux sociaux.

Peu avant son immolation qu'elle a filmée et diffusée en direct sur Facebook, Irina Slavina avait déclaré sur ce réseau social : «Je vous demande de rendre la Fédération de Russie responsable de ma mort».

Les enquêteurs de la police de la ville ont affirmé, de leur côté, qu'il n'y avait pas de «fondement» permettant d'établir un lien entre son décès et l'intervention la police dans la mesure où elle n'était qu'un témoin dans le cadre d'une enquête.

Réactions d'ONG

Parmi les réactions générées par l'affaire, l'ONG Reporters sans frontières s'est déclarée «choqué[e] et attristé[e] par la mort de la journaliste Irina Slavina». «Harcelée par les autorités, la fondatrice du site KozaPress s'est immolée par le feu devant les locaux de la police régionale de Nijni Novgorod après une perquisition et un interrogatoire», a-t-elle déclaré sur Twitter.

Ainsi que le rapporte le Moscow Times, Pavel Chikov, chef de l'ONG Agora, a affirmé que son organisme avait déjà travaillé avec Slavina «après que les autorités avaient ouvert des dossiers contre elle pour "manque de respect envers les autorités" et diffusion de "fausses nouvelles"». «Le groupe avait déposé une plainte en son nom auprès de la Cour européenne des droits de l'Homme», a-t-il ajouté.