Emmanuel Macron s'est vu reprocher par des figures de l'opposition son départ anticipé du Conseil européen du 1er et 2 octobre à Bruxelles – le président de la République étant parti très tôt dans la matinée du 2 octobre, avant la fin des débats sur un texte commun.
Un des commentaires les plus acerbes à ce sujet a été formulé par le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui a jugé que le président était ce jour-là «trop occupé par le discours contre les musulmans». Une référence au discours du chef d'Etat sur le séparatisme islamiste de la matinée.
Mais Jean-Luc Mélenchon a aussi reproché à Emmanuel Macron d'avoir laisser la chancelière allemande Angela Merkel porter la voix de la France lors de ce sommet européen : «Incroyable : [Emmanuel] Macron absent du sommet Europe. Trop occupé par le discours contre les musulmans. Déserteur, il confie à Angela Merkel de représenter la France ! [Ordre du jour] : relations commerciales avec la Chine, politique industrielle, l’autonomie stratégique de l’Union et marché unique.»
D'autres politiques se sont aussi étonnés de l'absence (temporaire) française à Bruxelles. Le leader de Debout la France et député de l'Essonne, Nicolas Dupont-Aignan, s'est ainsi interrogé : «Comment réaffirmer la voix de la France dans le monde avec un chef d'Etat aussi soumis ?»
Le président des Patriotes, Florian Philippot, a estimé pour sa part que «la France [était] vendue par ses dirigeants à l’Allemagne». «C’est tout le but de l’UE d’ailleurs : assurer l’hégémonie allemande», ajoute-t-il en rappelant son leitmotiv : «Frexit vite vital !»
Emmanuel Macron justifie son départ avant la fin du Conseil européen
Ce même 2 octobre, Emmanuel Macron a été interrogé sur la remarque de Jean-Luc Mélenchon. Le président a affirmé que son engagement européen était «plein et entier» : il a expliqué qu'il n'avait quitté le Conseil européen et ses débats portant notamment sur le Biélorussie et les combats au Haut-Karabagh seulement lorsque «le texte a été finalisé».
Il a précisé que «le texte [négocié au Conseil européen] n'aura[it] plus d'amendements» après son départ. Il a confirmé avoir laissé la chancelière allemande Angela Merkel le représenter : «Il y a quelque chose d'élégant que ce soit madame la chancelière [Angela] Merkel qui porte la voix française sur le concept d'autonomie stratégique», a déclaré le président français. Et d'ajouter : «La France sera dûment représentée et je n'ai délégué aucun aspect structurant de notre politique nationale.».
Devant les journalistes, il a également fait valoir l'importance de son intervention sur le séparatisme islamiste : «Que m'auriez-vous dit si je vous avais dit : "Je ne peux pas être là ce matin, on va repousser de huit jours ?" J'aurais eu huit jours d'articles disant : "Décidément il est très gêné, il ne veut pas nommer le problème, on sent bien [qu'il] tortille, il esquive, etc."»
Emmanuel Macron a d'ailleurs balayé le procès en islamophobie intenté par Jean-Luc Mélenchon à son égard : «Je n'ai pas le sentiment d'avoir tenu un discours contre les musulmans, mais tout le contraire. Mais vous voyez que son projet politique est la caricature pour impuissanter la République», a déclaré le chef de l'Etat, cité par l'AFP. Et d'ajouter : «Je pense que monsieur Mélenchon, s'il avait à cœur à défendre l'image de la France, sa place dans le concert européen, nous l'aurions vu depuis longtemps.»