«Nous avons décidé la mise en œuvre des sanctions contre les responsables de la répression [de l'opposition politique biélorusse]», a déclaré le président du Conseil, Charles Michel, à la presse dans la nuit du 1er au 2 octobre, à l’issu du premier jour du sommet de l’Union européenne.
«Nous sommes crédibles», a-t-il insisté, au terme du premier des deux jours de cette réunion des chefs d'Etat et de gouvernement, avec l'ambition d'affirmer le rôle de l'Europe comme «puissance géopolitique». Une décision prise après qu'un conseil européen spécial sur la Biélorussie a eu lieu en août, comme Charles Michel l'a rappelé lors de la conférence de presse.
Ces sanctions, qui seront «effectives dès vendredi [2 octobre]» avec le lancement d’une «procédure écrite», gèlent les avoirs des personnes concernées dans l'UE. Ces individus sont également interdits d'entrée sur le territoire de l'Union.
La Biélorussie prend des sanctions contre l'UE
«Par la décision adoptée aujourd'hui, l'Union européenne s’est aliénée de son voisin, la Biélorussie», a commenté le ministère biélorusse des Affaires étrangères. «Ces dernières années, la partie biélorusse travaillait de manière active et persistante afin de développer ses relations avec l'UE pour le bien des gens et le renforcement de la sécurité dans notre région commune», a-t-il déploré.
Minsk a en outre annoncé dans la matinée du 2 octobre des sanctions en réponse à celles imposées par l'Union européenne. «La Biélorussie introduit une liste de sanctions répliquant [à celles de l'UE] à partir d'aujourd'hui», a déclaré le ministère biélorusse des Affaires étrangères dans un communiqué, précisant que la liste ne serait pas rendue publique.
Moscou réagit
La Russie a quant à elle qualifié les mesures prises par les dirigeants européens de «preuve de faiblesse». «Vous savez que nous considérons comme mauvaise la politique de sanctions d'une manière générale. Dans tous les cas, c'est plus une preuve de faiblesse que de force», a affirmé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, tout en jugeant «positif» que le président biélorusse Alexandre Loukachenko ne soit pas personnellement visé par les mesures européennes.
De même, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a déclaré : «Nous voyons qu'au lieu de faire preuve de retenue, si nécessaire pour stabiliser la situation en Biélorussie, l'Union européenne recourt à nouveau à l'instrument de sanctions qui, nous le rappelons, est unilatéral et illégitime, sape les prérogatives du Conseil de sécurité de l'ONU et mène à une nouvelle érosion du droit international.» Elle a ajouté que la Russie considérait «comme une pression ouverte et inacceptable sur les autorités biélorusses, qui s’efforcent de normaliser la situation à l’intérieur du pays.»
Le chef d'Etat biélorusse bientôt visé directement ?
Le président Alexandre Loukachenko ne figure pas sur la liste des sanctions de l'UE, qui comprend «une quarantaine de noms», accusés de répression contre l'opposition ou de falsification du résultat de l'élection présidentielle. Mais cette liste n'est pas fermée, selon Charles Michel. «Si ça se durcit, on ne s'interdit pas de mettre M. Loukachenko sous sanctions», a abondé le président français Emmanuel Macron.
Ces sanctions étaient réclamées par l'opposition biélorusse. «Si l'UE se rallie à nous [...] cela pourrait nous aider beaucoup», avait affirmé la veille son chef de file, Svetlana Tikhanovskaïa, qui se trouve en Lituanie après avoir contesté le résultat de la présidentielle du 9 août.
Alors que l'Union européenne et les Etats-Unis ne reconnaissent pas l'élection d'Alexandre Loukachenko, celui-ci voit pour sa part la main de certaines forces extérieures dans le mouvement de contestation qui continue de s'exprimer dans les rues du pays. Il a notamment dénoncé une «révolution de couleur». De son côté, le directeur du Service de renseignement extérieur russe, Sergueï Narychkine, a accusé Svetlana Tikhanovskaïa d'être «sous la tutelle» des Etats-Unis. Les manifestations à Minsk ont souvent viré à l'affrontement, faisant des centaines de blessés. Plusieurs figures de l'opposition biélorusse ont par ailleurs été arrêtées depuis le début du mouvement de contestation.