Ce 28 septembre depuis la Lituanie, l'opposante Svetlana Tikhanovskaïa a appelé Emmanuel Macron à être le «médiateur» de la crise en Biélorussie. La femme politique avait quitté son pays après sa défaite lors des dernières élections présidentielles qui ont vu la réélection d'Alexandre Loukachenko avec plus de 80% des voix. Svetlana Tikhanovskaïa ne reconnaît pas les résultats de ces élections (qui la créditaient d'environ 10% des suffrages), initiant un important mouvement de protestation contre le dirigeant biélorusse.
Dans l'après-midi le 28 septembre, la présidence française a fait savoir qu'Emmanuel Macron rencontrera l'opposante le 29 septembre à Vilnius.
«Nous avons terriblement besoin d'une médiation pour éviter que davantage de sang soit versé. Monsieur Macron pourrait être ce médiateur et pourrait être capable d'influencer Monsieur Poutine, avec lequel il a de bonnes relations», a estimé Svetlana Tikhanovskaïa.
Un médiateur pas si neutre ?
Emmanuel Macron, qui se rend en Lituanie ce 28 septembre, n'est pourtant pas réputé pour sa neutralité dans la crise qui oppose partisans et opposants d'Alexandre Loukachenko. «Il est clair que Loukachenko doit partir», a ainsi encore déclaré le locataire de l'Elysée le 27 septembre lors d'un entretien accordé au Journal du Dimanche, dans lequel il se disait «impressionné par le courage des manifestants» biélorusses, déterminés à «faire vivre la démocratie dans ce pays qui en est privé depuis si longtemps».
Ces propos n'ont guère plu au principal intéressé qui a renvoyé le président français à ses propres problèmes. «Si l’on suit les principes énoncés par monsieur Macron dans son appel à ma démission, poursuivant son propre raisonnement, le président français aurait dû démissionner il y a deux ans, lorsque les Gilets jaunes ont commencé à descendre dans les rues de Paris», a ainsi expliqué Alexandre Loukachenko.
Mi-août déjà, Emmanuel Macron avait appelé l'Union européenne à se «mobiliser aux côtés des centaines de milliers de Biélorusses qui manifestent».
Lors de sa visite à Vilnius ces 28 et 29 septembre, le dirigeant français n'a pas exclu de rencontrer la femme politique d'opposition, qui l'a par ailleurs réclamé.
Alors que l'Union européenne et les Etats-Unis ne reconnaissent pas l'élection d'Alexandre Loukachenko, ce dernier voit pour sa part dans le mouvement de contestation qui continue de s'exprimer dans les rues du pays, la main de certaines forces extérieures. Il a notamment dénoncé une «révolution de couleur». De son côté, le directeur du Service de renseignement extérieur russe (SVR), Sergueï Narychkine, a accusé Svetlana Tikhanovskaïa d'être «sous la tutelle» des Etats-Unis.
Les manifestations ont souvent viré à l'affrontement, faisant des centaines de blessés. Plusieurs figures de l'opposition biélorusse ont par ailleurs été arrêtées depuis le début du mouvement de contestation.