Les genevois ont voté à 63,2% en faveur d'une instauration du salaire horaire minimum dans le canton a hauteur de 23 francs suisses (21 euros) pour tous les travailleurs. Le salaire minimum par mois passera donc à 4 086 francs suisses (3 786 euros) alors que le coût de la vie place Genève parmi les villes les plus chères du monde.
Genève deviendra ainsi le quatrième canton à adopter une disposition similaire après celui du Jura, du Tessin et de Neuchâtel, dans un pays ou le salaire minimum se décide par canton et non au niveau national. Avec ces dispositions, la Suisse pourrait bientôt devenir le pays avec le salaire minimum le plus élevé au monde devant l'Australie rapporte Les Echos.
Présentée par les partis de gauche et les syndicats locaux, cette mesure a pour but de lutter contre la précarité dans une ville où le prix du ticket de transport en commun coûte environ 3,60 francs suisses (plus de 3 euros) et le loyer pour un appartement avec une chambre en centre-ville est en moyenne d'environ 1938 francs suisses (1795 euros) selon le site Numbeo.
La question de l'augmentation du salaire minimum avait déjà été posée à deux reprises aux électeurs du canton sans succès. En 2014, la proposition d'un salaire minimum avait même été portée au niveau fédéral mais là encore, sans succès.
Une mesure d'accompagnement qui vise à lutter contre le dumping patronal
«Le salaire minimum est une mesure d'accompagnement qui vise à lutter contre le dumping patronal et qui va permettre aux travailleurs du canton de vivre dignement. Il faut savoir que la vie est très chère sur le canton de Genève», a réagi le militant des Jeunes Socialistes suisses et syndicaliste Joakim Martins auprès de RT France.
«La prochaine étape, c'est le canton de Vaud, l'un des plus développés économiquement en Suisse. Ces dispositions permettent à la fois de garantir la libre circulation des travailleurs qui est un droit humain tout en garantissant des conditions de travail dignes», a conclu le militant politique.
Genève est en effet un canton qui attire de nombreux travailleurs transfrontaliers, souvent des Français, qui viennent y chercher un meilleur salaire. Régulièrement accusés par une frange de la population de faire baisser les salaires, ils sont eux aussi concernés par la mesure d'augmentation du salaire minimum. La Suisse reste une destination attractive pour les travailleurs transfrontaliers : pour preuve, 323 000 travailleurs transfrontaliers travaillaient en Suisse en 2019, majoritairement Français et Italiens selon les chiffres de l'Office fédéral de la statistique (OFS).
Charles Demange