Dans le cadre de la course aux vaccins contre le Covid-19, le groupe pharmaceutique anglo-suédois AstraZeneca, dont les essais cliniques du vaccin sont parmi les plus avancés, aurait-il du plomb dans l'aile ?
Après avoir été critiquée pour le manque de transparence entourant les protocoles des essais cliniques de ses vaccins expérimentaux contre le Covid-19, la société AstraZeneca a publié le 19 septembre des documents, notamment rapportés par le New York Times, comportant des détails sur ses essais cliniques. Selon les documents dévoilés par le laboratoire, deux personnes ont connu des complications lors des essais cliniques du vaccin au Royaume-Uni. Le groupe a reconnu que l'un des deux individus avait été atteint de sérieux troubles neurologiques et affirme ne pas avoir pu, pour l'heure, établir de diagnostic pour le second. Selon une source citée par le quotidien américain, ces deux individus souffriraient tous deux du même trouble neurologique grave.
Le premier participant aux essais britanniques − qui sont menés en collaboration avec l'Université d'Oxford − est tombé malade après avoir reçu une dose du vaccin expérimental en juillet.
La volontaire a plus tard été diagnostiquée avec une myélite transverse, «une atteinte neurologique rare causée par une inflammation de la moëlle épinière responsable d'une atteinte motrice, sensitive et sphinctérienne», selon la description faite par le CHU de Lyon sur son site internet.
La deuxième femme volontaire a pour sa part souffert de complications après s'être vu administrer une dose en septembre.
Des pathologies «peu susceptibles d'être associées au vaccin», selon AstraZeneca
Le 6 septembre, les essais du vaccin, déjà suspendus une première fois, avaient de nouveau été interrompus après que la deuxième femme s'est sentie malade. Ils avaient toutefois repris en Grande-Bretagne, au Brésil, en Inde et en Afrique du Sud moins d'une semaine plus tard. Cependant, les Etats-Unis n'ont pas encore donné leur feu vert à la poursuite du test.
AstraZeneca, qui a déjà administré son vaccin à quelque 18 000 personnes dans le monde, a déclaré dans des documents internes que les deux cas de la maladie étaient «peu susceptibles d'être associés au vaccin, ou qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves pour dire avec certitude que les maladies étaient ou non liées au vaccin».
Les cas répétés de myélite transversale parmi les volontaires aux essais pourraient bien mettre à mal l'offre de vaccins du groupe pharmaceutique anglo-suédois.
«S'il y a deux cas, ça commence à ressembler à un pattern dangereux [...] Si un troisième cas de trouble neurologique apparaît dans le groupe du vaccin, alors ce vaccin pourrait être terminé», résume Mark Slifka, expert en vaccins de l'Université de la science et de la santé de l'Oregon, cité par le New York Times.