Un groupe de pays développés représentant 13% de la population mondiale aurait pré-acheté la moitié des futures doses de vaccins contre le Covid-19, selon un rapport publié le 16 septembre par l'ONG Oxfam. Selon le texte, la logique de ces pays est de s'approvisionner par précaution auprès de multiples fabricants concurrents, dans l'espoir qu'au moins l'un de leurs vaccins se révèle efficace, mais le document souligne également la difficulté qu'aura une partie de la population mondiale à trouver des vaccins dans la période initiale, alors qu'un dispositif de mutualisation internationale appelé Covax, soutenu par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), est boycotté par Washington et manque de financements.
Les Etats-Unis dès le mois de mai, puis le Royaume-Uni, l'Union européenne, le Japon et d'autres pays ont signé de multiples contrats garantissant en avance la production et la livraison de doses si les essais cliniques en cours étaient concluants. Les Etats-Unis, en pleine période pré-électorale, se feront même livrer des doses dès le mois d'octobre, afin d'être prêts à les distribuer dans les 24 heures suivant une éventuelle autorisation sanitaire.
Le groupe AstraZeneca, partenaire de l'université d'Oxford, a signé le plus de ces contrats de façon publique, mais Sanofi, Pfizer, Johnson & Johnson, la biotech américaine Moderna, le laboratoire chinois Sinovac et l'institut russe Gamaleïa ont aussi pré-vendu des centaines de millions de doses dans le monde, parfois sous forme de partenariats avec des fabricants locaux.
L'OMS souhaite donner à chaque pays de quoi vacciner 20% de sa population
Selon Oxfam, des contrats ont déjà été signés auprès de cinq de ces fabricants en phase 3 d'essais cliniques pour 5,3 milliards de doses, dont 51% pour des pays développés dont ceux ci-dessus ainsi que l'Australie, Hong Kong, la Suisse et Israël (les chiffres n'incluent pas les contrats pour les vaccins n'étant pas encore en phase 3).
Le reste a été promis à des pays moins développés dont l'Inde (où se trouve le fabricant Serum Institute of India), le Bangladesh, la Chine, le Brésil, l'Indonésie et le Mexique, selon Oxfam. Les Etats-Unis ont réservé un total de 800 millions de doses auprès de six fabricants, et l'Union européenne a au moins acheté 1,5 milliard de doses, selon un décompte de l'AFP. Des experts en santé publique ont proposé plusieurs modes de répartition mondiale : l'OMS voudrait donner à chaque pays de quoi vacciner 20% de sa population; un groupe d'éthiciens a suggéré de donner la priorité aux pays où le virus tue le plus.
Le «nationalisme vaccinal» a été dénoncé par de multiples responsables de santé publique, et par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen dans un discours le 16 septembre devant le Parlement européen.