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Visé par une action devant la CPI, Evo Morales dénonce «une campagne de dénigrement rémunérée»

La présidente par intérim de la Bolivie a affirmé que le Bureau du procureur général de son pays avait présenté une plainte pour crimes contre l'humanité, devant la CPI, contre l'ex-chef d'Etat Evo Morales. Celui-ci a réagi à l'annonce.

«Le Bureau du procureur général (PGE) est à la CPI [Cour pénale internationale] à La Haye pour déposer plainte contre Evo Morales et d'autres pour crimes contre l'humanité», a twitté le 4 septembre Jeanine Añez, présidente par intérim de la Bolivie depuis que son prédécesseur a été poussé à la démission, en novembre 2019, dans le cadre d'allégations de fraude électorale dont les «preuves» sont aujourd'hui réduites à peau de chagrin.

La plainte est motivée par «le siège imposé dans les villes qui a causé plus de 40 morts par manque d'approvisionnement en oxygène médical [en période de crise sanitaire]», a affirmé la dirigeante dont le gouvernement avait déjà accusé, au mois d'août, Evo Morales d'être responsable de l'installation de barrages routiers ayant bloqué des convois médicaux.

En réalité, comme le rappelle l'AFP, un Etat-partie comme la Bolivie, bien que signataire du traité de Rome, ne peut pas «porter plainte» mais demander à la procureure d'examiner telle ou telle situation. En outre, au nom du principe de complémentarité, la CPI n'intervient que si le système judiciaire national est défaillant.

Quoi qu'il en soit, le gouvernement reproche à l'ancien chef d'Etat d'avoir ordonné des barrages routiers en août pour obliger le Tribunal électoral suprême (TSE) à fixer une date pour les élections, qui ont été reportées à trois reprises en raison de la pandémie. Le TSE a finalement fixé les élections présidentielle et législatives au 18 octobre, décision qui a débouché sur la levée des barrages qui avaient provoqué des pénuries de nourriture et de médicaments, relate encore l'AFP.

Ils savent très bien que ces plaintes n'aboutiront à rien parce qu'elles sont fausses

«Le gouvernement [actuel] de la Bolivie, dénoncé par l'ONU, la CIDH, les ONG, les observatoires de Harvard et des journaux prestigieux pour massacres et violations des droits de l'homme, me poursuit maintenant, ainsi que certains leaders du peuple, devant le CPI, pour avoir défendu la démocratie ; et continue sa campagne de dénigrement rémunéré», a de son côté réagi Evo Morales sur le même réseau social, avant d'ajouter, dans une deuxième publication : «Ils savent très bien que ces plaintes n'aboutiront à rien parce qu'elles sont fausses, ce sont des écrans de fumée dans la course électorale actuelle qui tentent de détourner l'attention du peuple bolivien de la catastrophe économique, sanitaire et humanitaire qu'il traverse.»

La Bolivie, avec une population de 11 millions d'habitants, comptabilise 118 781 cas de coronavirus et 5 288 décès, selon un récent bilan cité par l'AFP. Le pays traverse une crise post-électorale depuis le scrutin d'octobre 2019. Evo Morales avait annoncé sa victoire à la présidentielle pour un quatrième mandat, mais l'opposition, appuyée par l'Organisation des Etats américains (OEA), dont le siège est basé à Washington, avait crié à la fraude. 

Le vide du pouvoir avait alors été comblé par la deuxième vice-présidente du Sénat, Jeanine Áñez, qui s'est proclamée présidente par intérim, lançant une politique en totale rupture avec celle de son prédécesseur, tant sur les questions intérieures que sur le volet des relations internationales.