Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées le 5 septembre à Melbourne (Australie), bravant les restrictions édictées par les autorités pour endiguer la pandémie de Covid-19, afin de les dénoncer. Ces mesures incluent, de fait, l'interdiction d'organiser de grands rassemblements.
Plus encore : dans l'Etat de Victoria, où se trouve Melbourne, les habitants sont invités à demeurer chez eux et à limiter au maximum leurs déplacements.
Scandant «C'est une arnaque !» ou «liberté !», les manifestants ont fait face aux forces de l'ordre présentes en nombre pendant de longues minutes.
Baptisée «Journée de la liberté», cette manifestation a dégénéré en heurts opposant protestataires et policiers.
15 personnes ont été arrêtées, selon un journaliste, qui cite les autorités, et 150 amendes ont été infligées par les forces de l'ordre.
D'après les images d'une de ses consœurs du Herald Sun, les policiers ont notamment mis de force un masque à un homme, avant de l'interpeller.
«En fait c'est totalement égoïste d'être dehors à manifester. La seule manifestation dans laquelle nous devrions être engagés, le seul argument, le seul combat dans lequel nous devrions être engagés est contre ce virus», a réagi Daniel Andrews, le chef du gouvernement de l'Etat de Victoria lors d'un point presse.
En outre, l'AFP note : «Deux manifestants ont été aperçus en train d'effectuer un salut nazi dirigé vers les policiers, en criant "Heil Dan", allusion à Daniel Andrews, Premier ministre de l'Etat du Victoria [...]. Ils se tenaient à ce moment-là sur un mémorial dédié en partie au souvenir des Australiens tués pendant la Seconde guerre mondiale».
Arrestations polémiques en amont de la manifestation
Avant la manifestation, Daniel Andrews a appelé la population à rester chez elle et a prévenu que la mobilisation anti-confinement pourrait remettre un question le scénario de fin du confinement, dont les détails sont attendus le 6 septembre.
La police australienne a par ailleurs arrêté dans les jours précédant le rassemblement plusieurs personnes qui avaient lancé sur Facebook des appels à manifester. L'interpellation d'une femme enceinte à son domicile le 2 septembre a notamment suscité un tollé dans le pays. Diffusée en direct, la vidéo montre des policiers en train de la menotter la jeune femme, devant ses deux enfants.
Cette séquence a été visionnée des millions de fois sur internet, suscitant une polémique et ouvrant le débat sur le respect des libertés individuelles. La jeune femme, Zoe Buhler, a expliqué à des médias australiens avoir relayé des projets de manifestations sans savoir que c'était illégal dans l'Etat de Victoria.
Amnesty International Australie a déclaré que la police avait commis un abus de pouvoir, tandis que l'organisation de défense des droits Liberty Victoria a qualifié cette arrestation d'inquiétante.
Deux jours plus tard, les policiers australiens sont venus arrêter à son domicile James Bartolo, un militant anti-confinement, pour les mêmes raisons. «Cinq sabres de samouraï auraient été retrouvés au domicile d'un adapte de théories complotistes à Melbourne, arrêté de manière spectaculaire vendredi [4 septembre] matin pour motif d'incitation à manifester de manière illicite», a rapporté The Australian, précisant également que James Bartolo dirigeait un site intitulé The Conscious Truth Network.
Selon les données officielles, plus de 26 200 cas de Covid-19 ont été enregistrés en Australie pour 748 décès, dans ce pays de 25 millions d'habitants.