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La Turquie condamne la republication des caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo

La Turquie a condamné la republication des caricatures de Mahomet par le journal satirique français et critiqué Emmanuel Macron pour avoir défendu le droit au blasphème, dans un contexte de vives tensions entre Ankara et Paris.

«Nous condamnons vivement la décision de Charlie Hebdo de republier les caricatures irrespectueuses envers notre religion et notre prophète», a affirmé le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué le 2 septembre. 

Ankara a aussi critiqué le président Emmanuel Macron pour avoir défendu «la liberté de blasphémer», estimant qu'il était «inadmissible» de justifier la publication des caricatures controversées au nom de la liberté d'expression.

La réédition en une de Charlie Hebdo des caricatures du prophète Mahomet à l'occasion de l'ouverture du procès des attentats djihadistes de janvier 2015 en France risquerait, selon Ankara, «d'encourager la haine contre l'Islam et les étrangers [et] de faire le jeu des racistes».

Charlie Hebdo était devenu la cible de djihadistes après avoir publié en 2006 12 caricatures de Mahomet, provoquant un tollé et des manifestations parfois violentes dans plusieurs pays musulmans.

Les représentations du prophète sont considérées comme un blasphème dans l'islam traditionnel.

La réaction turque intervient à un moment où les tensions sont vives entre Ankara et Paris à propos des recherches turques d'hydrocarbures dans une zone revendiquée par la Grèce en Méditerranée orientale.

La France s'est attiré les foudres du président turc Recep Tayyip Erdogan en affichant son soutien à la Grèce dans cette crise.

De son côté, l'institution islamique sunnite Al-Azhar évoque sur Facebook «un acte criminel» pour évoquer la republication des caricatures : «L'insistance sur l'acte criminel de republier ces caricatures offensantes renforce le discours de haine et attise l'émotion des croyants.» Selon Al-Azhar, basé au Caire, la décision de rééditer ces caricatures est «une provocation injustifiée [envers] près de deux milliards de musulmans dans le monde».

Le CFCM et le recteur de la mosquée de Bordeaux appellent à ignorer ou à être indifférent face aux caricatures

En France, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a appelé pour sa part à «ignorer» ces caricatures et à penser aux victimes du terrorisme. «La liberté de caricaturer est garantie pour tous, la liberté d'aimer ou de ne pas aimer [ces caricatures] également. Rien ne saurait justifier la violence», a déclaré le président du CFCM Mohammed Moussaoui à l'AFP.

Le recteur de la mosquée de Bordeaux, Tareq Oubrou, a appelé à «l'indifférence» sur Europe 1 : «C’est une réaction tout à fait légitime de republier ces caricatures pour dire : nous continuons à caricaturer, la caricature fait partie de la culture française, c’est à prendre ou à laisser, c’est ça qui fait notre démocratie et on ne répondons pas aux caricatures par des balles et des coups de poing mais par la pensée et la caricature. Le comique, l’humour, la caricature pacifient les relations entre des gens qui ne partagent pas forcément les même opinions.»