En ce 2 septembre, jour d'ouverture du procès de 14 accusés pour la vague d'attentats de janvier 2015, notamment la tuerie perpétrée dans les locaux de Charlie Hebdo au cours de laquelle 12 personnes ont trouvé la mort, de nombreux messages «Je ne suis pas Charlie» ont été partagés pour émettre des critiques quant à la ligne éditoriale du journal satirique, plaçant la formule en tête des tendances politiques pour la France sur Twitter ce 2 septembre au matin, comme a pu le constater la rédaction de RT France.
Et de fait, partisans et détracteurs de la ligne éditoriale de Charlie Hebdo ont multiplié les commentaires à ce sujet depuis l'annonce de sa dernière couverture. Le journal avait expliqué vouloir republier, en une le 2 septembre, leurs célèbres caricatures de Mahomet.
Tant à la télévision que par voie de presse, le sujet fait l'objet d'un engouement médiatique considérable. Ainsi, qu'elles défendent, fustigent ou encore restent dans la nuance, les publications évoquant le nom du journal satirique ont inondé les réseaux sociaux, à l'image d'un sujet qui s'avère particulièrement clivant dans le débat public français, allant jusqu'à faire réagir l'exécutif. «Il y a en France une liberté de blasphémer», a déclaré le président de la République lors d'une conférence de presse le 1er septembre à Beyrouth.
«Toujours Charlie», a pour sa part décidé de tweeter le chef du gouvernement Jean Castex ce 2 septembre au matin.
«Des millions de Français musulmans pratiquent leur foi et vivent dans le respect des lois de la République, et n’ont absolument rien à voir avec les terroristes : je salue l’appel à la non violence de cet Imam» : c'est en ces termes, et avec le mot clef mentionnant le journal satirique, que s'est s'exprimée le 1er septembre sur les réseaux sociaux Marlène Schiappa, désormais ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, en référence à l'intervention sur LCI, plus tôt dans la journée du Grand Imam de Bordeaux qui a appelé les fidèles à répondre à la caricature «par la caricature» et non par la violence. Et la ministre de publier, le lendemain matin : «#JeSuisCharlie #JeSuisFlic #JeSuisJuif»
«Le racisme anti-musulman est aussi un des facteurs qui fait que certains jeunes se retrouvent en proie à des recruteurs islamistes», a pour sa part nuancé dans un tweet le député ex-LREM du Val d'Oise, Aurélien Taché.
Car si la classe politique a semblé apporter unanimement son soutien à l'hebdomadaire, ses détracteurs ont largement relayé le mot clef «#JeNeSuisPasCharlie» sur les réseaux sociaux. «#JeNeSuisPasCharlie et pourtant j'ai participé au grand rassemblement place de la République. Je dénoncerai toujours les actes barbares et je suis contre le blasphème !», a fait savoir l'un d'entre eux sur Twitter.
Evoquant une couverture polémique du journal sur Stromae et le génocide rwandais, un autre utilisateur de Twitter s'est désolidarisé.
«Fier de ne pas être Charlie ! Ainsi est la liberté d’expression», a assuré un autre, toujours sur la plateforme de microblogging.
Le 7 janvier 2015, plusieurs figures de Charlie Hebdo, dont les dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, ont perdu la vie lors de l'attentat djihadiste contre la rédaction de l'hebdomadaire satirique, provoquant un mouvement de soutien sans précédent en France et à l'étranger en faveur du journal.
Un sondage de l'Ifop pour Charlie Hebdo, publié le 1er septembre, montre un soutien grandissant des Français à la démarche du journal : 59% désormais jugent qu'il a eu raison de publier les caricatures en 2006, soit 21 points de plus qu'un sondage réalisé à l'époque pour La Croix. Toutefois, 69% des Français musulmans interrogés par l'Ifop estiment que cette publication était «une provocation inutile».