Mercredi 2 septembre
Paris a condamné «l'utilisation choquante et irresponsable» d'un agent neurotoxique contre l'opposant russe Alexeï Navalny. Plus tôt dans la journée le gouvernement allemand a déclaré que les tests sur Navalny font preuve d'un empoisonnement au Novitchok.
«J'ai pris connaissance avec consternation des informations publiées par les autorités allemandes confirmant l'utilisation en Russie d'un agent neurotoxique appartenant à la famille des 'Novitchok' pour empoisonner M. Alexeï Navalny», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian via un communiqué. «Je veux condamner dans les termes les plus forts l'utilisation choquante et irresponsable d’un tel agent.», ajoute le ministre.
Le Royaume-Uni a appelé la Russie à dire la vérité sur le sort de l'opposant Alexeï Navalny, jugeant inacceptable l'usage d'une arme chimique.
«Il est absolument inacceptable que cette arme chimique interdite ait été utilisée une nouvelle fois et que la violence vise une fois de plus une figure de l'opposition russe», a déclaré le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab dans un communiqué. «Le gouvernement russe (...) doit dire la vérité sur ce qui est arrivé à M. Navalny», a-t-il ajouté.
Alexeï Navalny, empoisonné selon Berlin par un agent neurotoxique de type Novitchok, a été victime d'un «acte méprisable et lâche», a dénoncé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
«Il s'agit d'un acte méprisable et lâche, encore une fois», a déclaré sur Twitter Mme von der Leyen, en référence à l'usage de cet agent de conception soviétique contre l'ex-espion Sergueï Skripal en 2018 sur le sol britannique.
Les examens médicaux pratiqués sur l'opposant russe Alexeï Navalny prouvent qu'il a été empoisonné par un produit neurotoxique, a déclaré le porte-parole du gouvernement allemand. Des tests toxicologiques réalisés par un laboratoire de l'armée allemande ont apporté des «preuves sans équivoque» d'empoisonnement, a affirmé Steffen Seibert dans un communiqué. Le porte-parole a précisé que l'agent neurotoxique en question fait partie de la famille du Novitchok, agent innervant devenu connu dans le monde entier après l'affaire Skripal, un ex-agent de renseignement russe victime d'empoisonnement au Royaume-Uni en 2018.
Alexeï Navalny a été victime d'un malaise, le 20 août, à bord d'un avion entre la Sibérie et Moscou. Hospitalisé dans un premier temps à Omsk (Sibérie), il a été transféré le 22 août en Allemagne où il s'est fait soigner à l'hôpital de la Charité. Le 24 août, cet hôpital a fait savoir dans un communiqué que le patient présentait des «traces d'empoisonnement». Une conclusion qui va à l'encontre des résultats auxquels sont parvenus les laboratoires de Omsk et Moscou selon lesquels «aucune substance pouvant être considérée comme du poison [...] n'a été identifiée».
«Lors de son admission à l'hôpital, Alexeï Navalny a fait l'objet de tests sur un large éventail de stupéfiants, substances synthétiques, psychodésiques et médicinales, y compris les inhibiteurs de la cholinestérase. Les résultats ont été négatifs», a déclaré aux agences russes Alexandre Sabaïev, toxicologue en chef de l'hôpital des urgences n°1 d'Omsk, où était hospitalisé Alexeï Navalny avant son transfert en Allemagne.
Berlin exige des réponses, Moscou se dit prêt à coopérer
Peu après la parution du communiqué du porte-parole, la chancelière allemande Angela Merkel s'est adressée aux médias. Elle a estimé que seule la Russie «pouvait et devait» répondre aux questions posées par l'empoisonnement présumé au Novitchok d'Alexeï Navalny qui, selon elle, était destiné à le «réduire au silence».
Face à ces graves accusations la Russie n'a pas tardé à réagir en déclarant qu'elle était prête à coopérer entièrement avec l'Allemagne au sujet de la santé de l'opposant russe Alexeï Navalny, selon la déclaration du porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. «Nous sommes prêts et sommes intéressés à coopérer entièrement et à échanger des informations sur ce sujet avec l'Allemagne», a assuré le porte-parole de la présidence, cité par l'agence de presse publique RIA Novosti.
En revanche, selon le porte-parole du Kremlin, aucune substance toxique n’a été découverte lors des tests menés en Russie. «Avant le transfert du patient à Berlin, conformément à toutes les normes internationales, une série de tests a été réalisée dans notre pays, et aucune substance toxique n’a été détectée», a déclaré Peskov.
Dans le même temps la diplomatie russe a contesté les conclusions de Berlin. Les affirmations du gouvernement allemand, selon lesquelles Alexeï Navalny aurait été empoisonné à l'aide d'une substance de type Novitchok, ne s'appuient sur aucune preuve, a affirmé le jour même le ministère russe des Affaires étrangères. «Une fois de plus, nous observons une situation où nos partenaires préfèrent les grandes déclarations publiques au travail méticuleux, basé sur des faits réels et des preuves, et à la coopération directe entre nos services de police et de justice et nos établissements médicaux. En même temps ils ne présentent aucun fait et négligent complètement les mécanismes juridiques de coopération existants.», affirme Moscou.
L'état de santé de Navalny continue de s'améliorer
L'état de santé d'Alexeï Navalny reste grave mais continue de s'améliorer, a affirmé le 2 septembre l'hôpital berlinois Charité où l'opposant russe est soigné. Il reste toujours sous assistance respiratoire toutefois, a indiqué l'hôpital dans un communiqué, qui estime pourtant qu'il est encore trop tôt pour évaluer les effets à long terme de cette grave intoxication, rapporte l'AFP.