Le président français Emmanuel Macron est arrivé le 31 août à Beyrouth pour sa deuxième visite au Liban depuis l'explosion tragique du 4 août pour tenter de résoudre une crise politique profonde et célébrer le premier centenaire de la proclamation du Grand-Liban. Accompagné du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et du ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran, le Président de la République a été accueilli sur le tarmac par le chef de l'Etat libanais, Michel Aoun.
Un peu plus tôt dans la journée, Moustapha Adib, ambassadeur du Liban en Allemagne, avait été désigné nouveau Premier ministre du Liban au terme de consultations parlementaires contraignantes menées par le président libanais. D'après l'Orient-le-jour, le nouveau premier ministre a récolté 90 voix sur les 120 députés encore en fonction.
Le président français Emmanuel Macron a appelé à la mise en place d'un «gouvernement de mission» au «plus vite» à son arrivée. «J'ai vu qu'un processus s'était enclenché ces dernières heures qui a permis de faire émerger une figure en tant que Premier ministre. Il ne m'appartient ni de l'approuver ni de l'adouber (...) mais de m'assurer que c'est bien un gouvernement de mission qui sera formé au plus vite pour mettre en oeuvre les réformes», a t-il déclaré dans des propos rapportés par l'AFP. Le chef de l'Etat a egalement adressé un message au peuple libanais sur Twitter : «Libanais, vous êtes comme des frères pour les Français. Je vous en ai fait la promesse : je reviens à Beyrouth pour faire le point sur l'aide d'urgence et bâtir avec vous les conditions de la reconstruction et de la stabilité».
Une visite diplomatique de haut vol
L'avion présidentiel, dont les hublots étaient décorés des drapeaux français et libanais a constaté un correspondant de l'AFP. L'appareil est passé devant les 10 Alpha jets de la patrouille de France, qui effectuera une démonstration de vol aux couleurs du drapeau libanais le 1er septembre à l'occasion du centenaire de la naissance du Liban dans ses frontières actuelles.
Le chef de l’Etat français est attendu le 1er septembre au matin dans les quartiers ravagés de la capitale libanaise, où il fera le point sur les opérations de déblaiement et la distribution de l'aide.
Souhaitant suivre une ligne politique d'«exigence sans ingérence», le chef d'Etat a cité le 28 août devant l'Association de la presse présidentielle les réformes à conduire : «Passer la loi anticorruption, réformer les marchés publics, réformer le secteur de l'énergie» et le système bancaire. «Si on ne fait pas cela, l'économie libanaise va s'effondrer [et] la seule victime sera le peuple libanais [...] qui ne peut pas s'exiler», a-t-il mis en garde. Or le Liban «est peut-être l'une des dernières formes existantes de ce dans quoi nous croyons dans cette région : c'est-à-dire la coexistence la plus pacifique possible des religions [...], d'un modèle pluraliste qui repose sur l'éducation, la culture, la capacité à commercer en paix», a fait valoir le président.
Lors de sa visite du 6 août, Emmanuel Macron avait plaidé pour un nouveau «pacte politique» et des réformes urgentes, promettant de revenir pour «évaluer» les progrès réalisés par les autorités, conspuées depuis des mois par la rue.