Un groupe de manifestants a déboulonné une statue de John A. Macdonald, le premier Premier ministre du Canada (de 1867 à 1873 puis de 1878 à 1891), dans le centre-ville de Montréal, le 29 août, au terme d’une manifestation visant à demander la réduction du financement des services policiers.
Des centaines de personnes se sont rassemblées sur la place des Festivals, pour se diriger vers la place du Canada où est érigée la statue. Plusieurs scandaient «Black Lives Matter !», «Définançons la police !»
Dans une vidéo publiée par Matt Wolf, un employé du gouvernement de la province d’Alberta, on peut voir des manifestants entourer la statue et crier de joie lorsque celle-ci tombe à terre, décapitée par le choc.
Les manifestants ont aussi inscrit «Rape native women/Kill native american [Violer les femmes natives/Tuer les natifs américains]» sur la base du monument.
«Je ne sais pas qui a fait ça, je suis curieux», a réagi auprès du quotidien québécois La Presse Elijah Olise, du Racial Justice Collective, l'un des coordinateurs de la marche. «J’aurais aimé la voir être enlevée légalement. Ça aurait été un bon sentiment», a-t-il ajouté.
Condamnations politiques
Le maire de Montréal, Valérie Plante (du parti Projet Montréal, organisation sociale-démocrate à tendance écologiste), a condamné «fermement les actes de vandalisme qui ont eu lieu cet après-midi dans le centre-ville de Montréal, qui ont mené au déboulonnement de la statue de John A. Macdonald». Elle a affirmé sur Twitter souhaiter mettre la présence de monuments «en contexte» et s’est dite favorable au fait «d’ajouter des monuments plus représentatifs de la société à laquelle nous aspirons».
François Legault (du parti Coalition Avenir Québec, organisation de centre droit), Premier ministre du Québec, a revendiqué l’importance de «combattre le racisme», mais s’est opposé au fait de «saccager des pans de notre histoire». «Le vandalisme n’a pas sa place dans notre démocratie et la statue doit être restaurée», a-t-il ajouté sur le même réseau social.
Une figue historique controversée
Au mois de juillet, une pétition ayant récolté environ 45 000 signatures demandait déjà le retrait de la statue. «Il est temps pour les Canadiens aussi de revoir la signification de nos monuments publics, et leur effet sur l’héritage que nous souhaitons corriger», stipulait le document.
Une référence aux agissements de John A. Macdonald. Né en 1815 à Glasgow (Ecosse), sa famille émigre dans la colonie britannique du Haut-Canada alors qu'il est âgé de cinq ans. Juriste de formation, il est considéré comme un des pères de la Confédération canadienne ayant participé à la création d'un gouvernement autonome au Canada. Longtemps encensé, son héritage a récemment été remis en cause par certains historiens comme James Daschuk.
Selon lui, John A. Macdonald a mis en place une «politique de famine, a poussé les Autochtones dans des réserves où ces derniers étaient dépourvus de tout droit et de toute liberté, et a mis en place en 1883 des pensionnats conçus pour les assimiler», comme il le rappelait en août 2017 à nos confrères de la Société Radio-Canada (SRC).
Chef du parti conservateur à partir de 1867, poussé à la démission en 1873 à la suite d'un scandale de corruption, John A. Macdonald fait son retour sur le devant de la scène politique en 1878, toujours en tant que chef du gouvernement. Il participe notamment au développement du chemin de fer reliant l'est et l'ouest du pays. Il restera en place jusqu'à sa mort le 6 juin 1891.
Selon le site du gouvernement canadien, Sir John A. Macdonald est fêté chaque année, le 11 janvier, par ses compatriotes. «Tous les 11 janvier, les Canadiens organisent des activités et des événements en son honneur», est-il expliqué.