Clôturant la convention virtuelle de Milwaukee (Wisconsin), Joe Biden a annoncé le 20 août qu’il acceptait d’être le candidat démocrate à la présidentielle américaine du 3 novembre, avec la sénatrice de Californie Kamala Harris comme colistière. «J'accepte cette nomination», a-t-il en effet annoncé en fin de soirée, cité par Radio-Canada.
A 77 ans, l'ancien vice-président de Barack Obama a appelé ses partisans à faire de Donald Trump le président d'un seul mandat, qualifiant son quinquennat de «période sombre» ou encore de «saison d'obscurité», dans un pays qu'il a décrit en pleine tourmente mais capable de surmonter ses défis.
Biden veut tourner la page des «ténèbres» Trump
Plaidant pour une «Amérique généreuse et forte», Joe Biden s'en est pris avec virulence à l'actuel locataire de la Maison Blanche, sans jamais prononcer son nom. «Je vous le promets aujourd'hui : si vous me faites confiance et me confiez la présidence, je ferai ressortir le meilleur de nous, pas le pire. Je serai un allié de la lumière, pas des ténèbres», a-t-il par exemple déclaré. Et, plus frontalement : «L'actuel président a drapé l'Amérique dans les ténèbres bien trop longtemps. Trop de colère, trop de crainte, trop de divisions». Ou encore, ne craignant pas de filer la métaphore : «Unis, nous pouvons vaincre cette époque sombre en Amérique»
Dans son discours d'à peine 25 minutes, l'ancien sénateur a en outre promis une rupture nette par rapport à l'actuel président des Etats-Unis sur la pandémie du Covid-19. «Le président continue à nous dire que le virus va disparaître. Il continue à espérer un miracle», a-t-il notamment déclaré, cité par l'AFP. «Je vais lui apprendre quelque chose : il n'y aura pas de miracle», a-t-il encore ajouté, promettant la mise en place de sa stratégie nationale contre la pandémie du Covid-19 «au premier jour» de son mandat. Et de s'engager : «Nous développerons et déploierons des tests rapides avec des résultats disponibles immédiatement. Nous produirons les équipements médicaux et de protection dont notre pays a besoin. Nous les fabriquerons, ici, en Amérique, pour que nous ne soyons plus jamais à la merci de la Chine ou d'autres pays étrangers pour protéger notre propre peuple.»
Moscou dans le viseur, encore
Sur le plan de la politique étrangère aussi, le démocrate promet une rupture d'avec l'administration Trump. Promettant d'être «solidaire» des alliés de l'Amérique, Joe Biden a ainsi affirmé que «le temps des flirts avec les dictateurs» était révolu.
«Sous une présidence Biden, l'Amérique ne fermera pas les yeux si la Russie propose des primes sur les têtes des soldats américains. Et ne tolérera pas une ingérence étrangère [dans les élections]», a-t-il également martelé. Une référence à des informations rapportées par le New York Times selon lesquelles la Russie aurait payé des groupes armés pour tuer des soldats américains en Afghanistan – des allégations réfutées tant par le président américain Donald Trump que par Moscou. Et d'ajouter, en référence sans doute au narratif porté par le parti démocrate et les médias américains sur une supposée ingérence russe que l'Amérique sous la présidence Biden «ne tolérera pas une ingérence étrangère.» «Je défendrai toujours nos droits humains et la dignité», a-t-il encore promis, souhaitant souligner le contraste qu'une politique étrangère sous sa direction offrirait avec le réalisme affiché par l'actuel locataire de la Maison Blanche.
À la veille de la convention démocrate, l'avance de Joe Biden sur le président Trump s'était considérablement réduite depuis le mois de juin, selon un sondage publié par CNN le 17 août.
«Que des mots», selon Trump
Suivant le discours à la télévision depuis la Maison Blanche, Donald Trump a réagi sur Twitter en temps réel : «En 47 ans, Joe n'a fait aucune des choses dont il parle. Il ne changera jamais, que des mots», a-t-il écrit.
Très attendu pour ce grand oral après des mois de relatif effacement, «l'ex-vice-président, coutumier des gaffes, a franchi l'obstacle sans accroc», a rapporté pour sa part l'AFP.
Polémiques en pagailles
Connu pour ses déclarations à l'emporte-pièce, parfois sous le coup de l'agacement, Joe Biden a par exemple déjà fait plusieurs commentaires controversés concernant les Afro-Américains, un électorat clé pour tout démocrate voulant remporter la présidentielle américaine. En mai 2020 par exemple, il avait dit à un animateur de radio afro-américain que s'il hésitait entre voter pour lui-même ou pour Donald Trump, il n'était «pas noir». Des propos pour lesquels il s'était excusé.
Début août encore, l'ancien sénateur a du réagir à une nouvelle polémique après avoir tenu des propos peu élogieux à l'encontre de ses compatriotes noirs, sous-entendant un manque de diversité au sein de la communauté afro-américaine, à la différence de la communauté hispanique.
Joe Biden a en outre fait l'objet d'une polémique autour d'une affaire de pressions supposées contre la justice ukrainienne. En février dernier, un ex-procureur général d'Ukraine avait ainsi accusé l'ancien vice-président américain de «pressions» dans une affaire judiciaire qui s'est retrouvée au cœur du procès en destitution de Donald Trump, finalement acquitté, comme le rapportait alors l'AFP.
Viktor Chokine estime que Joe Biden a «appelé de manière répétée» à son limogeage lorsqu'il était procureur en Ukraine, de février 2015 à avril 2016. Ces «pressions» sont, selon lui, liées à une enquête que menait à l'époque le Parquet qu'il dirigeait, avait indiqué l'avocat de l'ex-procureur, Oleksandr Telechetsky, à l'agence. Cette enquête visait le groupe gazier ukrainien Burisma dont Hunter Biden, fils de l'ex-vice-président démocrate, siégeait au conseil de surveillance.