Invité le 23 janvier par le think tank néoconservateur Council on Foreign Relations (CFR), Joe Biden, vice-président américain sous l'administration Obama, s'est livré à quelques confidences sur la façon dont Washington s'oppose au Kremlin pour «défendre la démocratie contre ses ennemis».
Evoquant, entre autres, la situation en Ukraine, Joe Biden a tenu à souligner que c'était uniquement sur demande expresse des Etats-Unis que les Européens, réticents, avaient accepté de voter des sanctions économiques contre la Russie.
«Nous avons passé tant de temps au téléphone pour nous assurer qu'aucun, de Hollande à Renzi, ne recule. Ils ne voulaient pas sanctionner la Russie, cela avait un impact sur [leurs pays]», a ainsi confié l'ancien vice-président américain. Comment, dans ces conditions, convaincre des alliés de prendre des mesures qui leur seraient néfastes ? Joe Biden a expliqué qu'il ne leur avait simplement pas laissé le choix : «En gros, [nous leur avons dit] : "Vous devez le faire".»
L'ancien vice-président s'est montré satisfait d'avoir à cette occasion pu compter sur le précieux soutien d'Angela Merkel, qui avait été «suffisamment forte à l'époque pour se tenir aux côtés [des Etats-Unis]», bien qu'elle l'ait fait «à contrecœur».
En 2014, les Occidentaux avaient décrété des sanctions économiques contre la Russie après le rattachement de la Crimée, accusant notamment la Russie de soutien aux séparatistes du Donbass, dans l'est de l'Ukraine. Des sanctions, qui, comme l'avait fait remarqué le président russe Vladimir Poutine en juin 2016, ont des conséquences «très dures» pour l’Europe et «un effet zéro» sur les Etats-Unis. «Mais les Américains disent à leurs partenaires qu’il faut endurer [ces difficultés]. Je ne comprends pas pourquoi il le font, mais qu’ils souffrent s’ils le veulent», avait-il noté avec un brin de fatalisme.
Au cours de son intervention auprès du CFR, Joe Biden s'est également épanché sur les méthodes employées par Washington pour garder la pleine attention de Kiev. «Je les ai regardés et j'ai dit : "Je pars dans six heures. Si le procureur n'est pas renvoyé, vous n'aurez pas l'argent"», a-t-il confié, se remémorant une discussion avec le président ukrainien Petro Porochenko et l'ancien Premier ministre ukrainien Arseny Iatseniouk, à propos de la démission d'un procureur ukrainien qu'exigeait Washington pour l'octroi d'un prêt d'un milliard de dollars. «Eh bien, le fils de p..., il a été viré», a-t-il conclu en riant.