Les autorités ivoiriennes ont annoncé le 19 août la «suspension» des manifestations publiques en Côte d'Ivoire jusqu'au 15 septembre, à l'avant-veille d'une marche des femmes de l'opposition qui devait se tenir le 22 août contre un troisième mandat du président Alassane Ouattara, dans un communiqué transmis ce 20 août à l'AFP.
«Le conseil [des ministres] a décidé de la suspension des manifestations sur la voie publique pour les autoriser seulement dans les enceintes closes», souligne le communiqué.
«La mesure prise dans le cadre de l’état d’urgence en cours est effective jusqu’au 15 septembre [...] et tire les conséquences du bilan humain et matériel des précédentes manifestations et des risques d’ouverture de poches de conflits communautaires», d'après le texte.
Cette annonce survient près d'une semaine après de violentes manifestations liées à l'annonce de la candidature controversée du président Alassane Ouattara pour un troisième mandat, qui ont dégénéré en affrontements pendant trois jours, faisant «six morts, une centaine de blessés, 1 500 déplacés internes, 69 personnes interpellées ainsi que de nombreux dégâts matériels», selon le bilan officiel établi le 19 août.
Le président Alassane Ouattara, 78 ans, élu en 2010 puis réélu en 2015, avait annoncé dans un premier temps en mars passer le relais à son Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Mais après le décès d'un infarctus de ce dernier le 8 juillet, Alassane Ouattara a annoncé le 6 août qu'il briguerait un troisième mandat.
La Constitution limite à deux les mandats présidentiels, mais l’opposition et le pouvoir sont en désaccord sur l'interprétation de la réforme adoptée en 2016 : les partisans d’Alassane Ouattara affirment qu'elle a remis le compteur des mandats à zéro, ses adversaires jugeant anticonstitutionnelle une troisième candidature. Le premier tour de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire a été officiellement fixé au 31 octobre.