L'opposant russe Alexeï Navalny a été conduit dans un hôpital d'Omsk, où il a été placé en réanimation, selon des déclarations de sa porte-parole Kira Yarmych sur Twitter ce 20 août.
«Alexeï est encore inconscient. Il a été connecté à un respirateur artificiel. L'hôpital a appelé la police à notre demande», a-t-elle twitté.
Plus tôt ce 20 août, Kira Yarmych avait déclaré sur le même réseau social que l'avion dans lequel se trouvait le célèbre blogueur et militant russe avait atterri en urgence à Omsk (Sibérie occidentale), après que ce dernier a fait un malaise. «Alexeï a une intoxication», avait-elle dit.
Elle avait également précisé qu'Alexeï Navalny avait uniquement bu du thé le matin même, et avait évoqué la piste d'un empoisonnement : «Nous supposons qu'Alexeï a été empoisonné avec quelque chose de mélangé au thé. C'était la seule chose qu'il a bue le matin. Les médecins disent que la toxine a été absorbée plus rapidement à cause de la chaleur du liquide. Alexeï est actuellement inconscient», avait-elle twitté dans la matinée.
Elle s'est faite plus catégorique par la suite : «La réaction fuyante des médecins ne fait que confirmer qu’il s’agit d’un empoisonnement. Il y a deux heures, ils étaient prêts à partager toute information, et cherchent maintenant manifestement à gagner du temps et ne disent pas ce qu’ils savent», selon un nouveau tweet.
La police, selon l'agence russe Tass, ne considère pas à ce stade qu'il s'agisse d'un «empoisonnement intentionnel».
Les médecins «se battent [...] pour sauver la vie» de Navalny
D'après Tass toujours, l'opposant se trouve actuellement dans une unité de soins intensifs. Le chef de service hospitalier de l'hôpital d'Omsk où il est traité, Alexandre Mourakhovsky, a déclaré dans la matinée à l'agence qu'Alexeï Navalny se trouvait dans un état grave.
A la mi-journée, Anatoli Kalinitchenko, vice-directeur de l'hôpital, a déclaré à la presse, selon des propos rapportés par l'AFP : «Les médecins font plus que tout leur possible, ils se battent vraiment pour lui sauver la vie». «Nous avons déjà exclu tout traumatisme physique : il n’a eu aucune blessure qui aurait causé l’état actuel. Nous allons continuer de le traiter et de le maintenir sous surveillance», a également déclaré Anatoli Kalinitchenko.
Anastassia Vassilieva, médecin traitant d'Alexeï Navalny et chef du syndicat l'Alliance des médecins, a de son côté assuré sur Twitter : «Nous [...] demandons de l’aide pour fournir les documents médicaux nécessaires afin de transférer Navalny au principal centre européen de toxicologie. Le médecin en chef de l’hôpital d’urgence n°1 de la ville d’Omsk refuse de fournir un extrait de son dossier médical ou le compte-rendu d'hospitalisation à sa femme, à [l'opposant] Ivan Jdanov ou à moi.»
Peskov, porte-parole du Kremlin : «Comme à tout citoyen de notre pays, nous lui souhaitons un prompt rétablissement»
Interrogé par la presse à la mi-journée sur l'état de santé d'Alexeï Navalny, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré : «Nous savons qu'il est dans un état grave. Les médecins font tout ce qui est nécessaire en ce moment. Les meilleurs médecins sont impliqués et, d'après ce que nous apprenons des médias, ils utilisent des méthodes de télémédecine et tiennent des consultations avec des spécialistes à Moscou». Et d'ajouter : «Bien entendu, comme à tout citoyen de notre pays, nous lui souhaitons un prompt rétablissement».
En outre, répondant à une question sur un potentiel empoisonnement d'Alexeï Navalny, le porte-parole du Kremlin a répondu : «Pour autant que nous sachions, les résultats de l'analyse ne sont pas encore disponibles. Toutes les hypothèses ne sont donc que des suppositions. Si c’était un empoisonnement, cela doit être confirmé par un laboratoire. Il faut simplement attendre les résultats des tests. Et si c'était un empoisonnement, par quoi ? Attendez les résultats des tests.»
Macron se dit prêt à «apporter toute l'assistance nécessaire» à Navalny, notamment «sur le plan de l'asile»
Sur la scène internationale, le président français Emmanuel Macron s'est exprimé sur ce sujet russe lors de sa conférence de presse avec Angela Merkel au fort de Brégançon en début de soirée du 20 août, se disant «extrêmement préoccupé et attristé» par la situation d'Alexeï Navalny et déclarant que «toute la clarté devra être faite». «Nous sommes évidemment prêts à apporter toute l'assistance nécessaire à Alexeï Navalny, à ses proches, sur le plan sanitaire, sur le plan de l'asile, de la protection», a-t-il ajouté.
La chancelière allemande a ajouté qu'Alexeï Navalny pourra recevoir «toute aide médicale en France ou en Allemagne». «Et ce qui est important aussi, c'est que l'on arrive à savoir de façon urgente comment on est arrivé à cette situation», a poursuivi Angela Merkel, en réclamant «la transparence». Elle s'est dite «bouleversée» par le sort de l'opposant.
L'ONG Amnesty International a elle appelé à une «enquête rapide et indépendante».
Le lanceur d'alerte américain Edward Snowden, à qui Moscou a accordé l'asile, a tweeté : «L'opposant russe le plus célèbre, Navalny, a a été transporté d'urgence à l'hôpital, avec des informations selon lesquelles un poison est suspecté. Si cela est confirmé, c'est un crime contre toute la Russie. Il ne peut y avoir de démocratie sans dissidence.»