Dans une lettre ouverte, 169 avocats, juristes et associations juridiques du monde entier ont appelé le gouvernement britannique à bloquer la procédure d'extradition vers les Etats-Unis qui menace le fondateur de Wikileaks, Julian Assange. Les signataires s'adressent directement aux autorités britanniques et appelent à libérer le lanceur d'alerte de la prison de Belmarsh à Londres, où il est détenu.
«Nous vous appelons à agir conformément au droit national et international, aux droits de l'homme et à l'Etat de droit en mettant fin aux procédures d'extradition en cours et en accordant à [Julian] Assange sa liberté tant attendue : le droit de ne pas être soumis à la torture, à la détention arbitraire, à la privation de liberté et la persécution politique», peut-on lire dès l'introduction de la lettre ouverte.
Les auteurs de la lettre, destinée nominativement au Premier ministre britannique Boris Johnson, au secrétaire d'Etat britannique à la Justice Robert Buckland, au secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères Dominic Raab, et à la secrétaire d'Etat britannique à l'Intérieur Priti Patel, rappellent que 18 chefs d'inculpation sont actuellement retenus par la justice des Etats-Unis contre le journaliste australien. Tous sont liés à la publication en 2010 par Wikileaks d'environ 750 000 documents militaires et diplomatiques du gouvernement américain. En cas d'extradition, Julian Assange encourt ainsi une peine de 175 ans d'emprisonnement.
Ces spécialistes du droit redoutent que Julian Assange ne doive faire face, le cas échéant, à un «procès-spectacle» aux Etats-Unis et qu'il n'ait pas le droit à un procès équitable en raison de la surveillance dont il a été la cible à l'ambassade d'Equateur à Londres, notamment par la société de sécurité Undercover Global (UC Global) pour le compte des Américains. Ils ajoutent également que le fondateur de Wikileaks risquerait d'être torturé ou d'être soumis à des traitements cruels, dégradants et inhumains.
Dans la lettre, les signataires estiment par ailleurs que la condamnation du journaliste australien de 49 ans est «irrégulière et disproportionnée», avant de souligner la nécessité de sa libération en raison de son état de santé dans un contexte de crise sanitaire lié à la pandémie de Covid-19.
«L'extradition vers les Etats-Unis d'un éditeur et journaliste, pour avoir participé à des activités journalistiques alors qu'il était en Europe, créerait un précédent très dangereux», redoutent encore les 169.
Cette lettre vient s'ajouter aux très nombreux courriers et pétitions d'organisations exigeant la libération inconditionnelle du journaliste emprisonné. Parmi les plus récentes initiatives, celle de 40 organisations de défense des droits ou celle de 216 médecins du monde entier dénonçant la «torture» subie par celui qui a été réfugié des années durant dans l'ambassade équatorienne à Londres.