La Grèce a appelé le 11 août l'Union européenne à organiser une réunion d'urgence sur la Turquie, au moment où les tensions entre ces deux pays voisins connaissent une escalade en Méditerranée orientale.
La situation, tendue depuis plusieurs semaines, s'est détériorée le 11 août après l'envoi par Ankara d'un navire de recherche sismique, escorté par des bâtiments militaires, dans une zone de la Méditerranée disputée et riche en gisements gaziers.
Athènes, qui dénonce une violation de ses frontières maritimes, va «déposer une demande pour un sommet d'urgence du Conseil des Affaires étrangères de l'Union européenne», a déclaré le 11 août le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.
«Nous appelons la Turquie à quitter sans délai le plateau continental grec [...] nous n'allons pas accepter le fait accompli», a prévenu pendant l'après-midi Nikos Dendias, ministre grec des Affaires étrangères.
La découverte ces dernières années de vastes gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé l'appétit des pays riverains et renforcé les tensions entre la Turquie et la Grèce, deux alliés au sein de l'Otan aux relations régulièrement ponctuées de crises.
La Turquie poursuit ses recherches
Signe que les tensions actuelles pourraient encore s'aggraver, le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a indiqué le 11 août qu'Ankara allait étendre ses recherches gazières en Méditerranée orientale.
«A partir de fin août, nous allons délivrer des permis pour mener de nouvelles recherches et des forages dans de nouvelles zones [...] dans la partie occidentale de notre plateau continental», a déclaré Mevlüt Cavusoglu, lors d'une conférence de presse à Ankara.
La Grèce va défendre ses droits souverains [...] il n'y aura aucune tolérance à l'égard des tentatives turques
«La Grèce va défendre ses droits souverains [...] il n'y aura aucune tolérance à l'égard des tentatives turques», a déclaré de son côté le chef de la diplomatie grecque aux médias.
Il a par ailleurs déclaré sur Twitter avoir évoqué la question des «actions illégales» de la Turquie avec l'ambassadeur des Etats-Unis, Jeyffrey Pyatt.
Jugeant la situation «extrêmement préoccupante», la diplomatie européenne a appelé le 11 août au «dialogue».
«Les événements sur le terrain montrent malheureusement que [...] davantage doit être fait pour désamorcer les tensions», a déclaré Peter Stano, un porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Tensions sur le pourtour de la Méditerranée
Les recherches turques d'hydrocarbures en Méditerranée orientale, notamment au large de Chypre, ont suscité la colère de la plupart des pays de la région, comme la Grèce, Israël et l'Egypte.
Après quelques jours de suspension en signe d'apaisement, le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé le 7 août la reprise des prospections turques, en réponse à la signature d'un accord maritime entre Athènes et Le Caire qui a suscité la colère d'Ankara.
Cet accord vise à délimiter les frontières maritimes entre la Grèce et l'Egypte et semble être une réponse directe à un accord similaire conclu en novembre entre la Turquie et le gouvernement officiel libyen, qui a son siège à Tripoli.
Ankara s'appuie en effet sur son accord avec Tripoli pour justifier son droit d'effectuer des recherches en Méditerranée orientale.
Le 10 août, Athènes a estimé que la présence du navire de recherche sismique turc Oruç Reis en Méditerranée orientale constituait «une nouvelle escalade grave», accusant Ankara de «menacer la paix».
La marine grecque a localisé le 11 août l'Oruç Reis au sud-est de l'île de Crète : il est escorté par cinq navires militaires turcs, le tout sous la surveillance de bâtiments de guerre grecs. La Turquie a précisé que ce bateau procéderait à des recherches du 10 au 23 août dans une zone située au large de la province turque d'Antalya, entre les îles de Crète, dans le sud de la Grèce, et de Chypre.
Pour Athènes, cette zone fait partie de son territoire maritime en raison de la présence de la petite île de Kastellorizo au large d'Antalya.
Le 10 août, Kyriakos Mitsotakis a parlé des tensions entre son pays et son voisin turc avec le président du Conseil européen Charles Michel et avec le secrétaire général de l'Alliance atlantique Jens Stoltenberg.
«Cette situation doit être réglée dans un esprit de solidarité entre alliés et en accord avec les lois internationales», a ensuite déclaré le secrétaire général de l'Alliance sur Twitter.
Mais côté grec comme turc, l'heure semble pour le moment être aux déclarations de fermeté.
«Aucun projet qui n'implique pas la Turquie [...] en Méditerranée orientale n'a de chance de voir le jour», a ainsi martelé mardi le ministre turc de la Défense, cité par l'agence Anadolu.